« American Desperado » par Jon Roberts & Evan Wright

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L’éditeur a pour devise “Auteurs extrêmes sous haute tension”. La formule convient à une majorité de snipers de son écurie, mais là, c’est le pompon ! Présenté comme “polar autobiographique”, sous la plume du journaliste Evan Wright et l’excellente traduction de Patricia Carrera, ce livre retrace la vie trépidante (mais alors, très) d’une des plus belles ordures qu’aient connu les USA de toute sa fuckin’ histoire.

Une sacrée charogne née le 21 juin 1948 à New-York. Tu vois les pires salopards dans Scarface, Le Parrain ou Les Affranchis ? Ce sont des Bisounours sous bromure à côté. Il avait de qui tenir le salopard, papa mafioso, tonton aussi. Ça reste en famille. Il était à bonne école et promis à un bel avenir. Le gars est mort en 2011 d’un cancer quelques semaines après la parution du livre aux USA. Le mec meurt “banalement” d’un cancer après avoir vécu une vie pareille !

Le livre est sous-titré “Une vie dans la mafia, le trafic de cocaïne et les services secrets”. Ce qui résume parfaitement les 700 pages d’une histoire à mourir de rire tellement c’est ignoble. Pire que tout ce que tu pourrais imaginer. Sur le bandeau rouge, est inscrite une citation de Jerry Stahl, autre auteur dézingué publié chez 13ème Note « Bourré d’humour, noir, terrifiant, superbement écrit : le premier grand livre du XXIème siècle sur le crime. » Te voilà prévenu.
John Riccobono a sept ans quand tout se décide. Il est en voiture avec son père et son « homme à tout faire ». Une bagnole à l’arrêt bloque un pont à Brooklyn. Son père descend et se dirige vers l’automobiliste visiblement en panne. Il sort un flingue et l’abat froidement. Non mais c’est vrai quoi, il fait chier à tomber en panne alors que les Riccobono veulent passer ! Il y a des gens sans gêne quand même ! Celui qui va se surnommer Jon Roberts bénéficie d’une formation de terrain. Ça vaut tous les cours magistraux.
Pour réduire une peine de prison, l’institution lui propose de partir se battre au Vietnam où il intègre une équipe commando. Il apprend à commettre les pires horreurs. Comment dépecer un être humain vivant pour qu’il meure lentement dans d’atroces souffrances par exemple. Jon se fait la main. A son retour, il reprend le bizness et gravit les échelons dans la Mafia jusqu’à devenir un gros bonnet. Pour devenir chef dans ce métier, faut reculer devant rien. Il le dit lui-même : « Je n’ai jamais aimé les règles : je suis un criminel parce que je déteste les règles. »
Roberts va devenir le plus gros importateur de cocaïne aux Etats-Unis dans les années 80. Il était connu aux USA sous le sobriquet de Cocaïne Cowboy. Il travaillait en étroite collaboration avec le cartel de Medellin. Il est allé jusqu’à monter un service de transport aérien à grande échelle entre la Colombie et les USA pour importer la marchandise. Au point que les services secrets américains ont eu recours à ses services d’import-export pour venir en aide aux Contras au Nicaragua. Tout au long du livre, Roberts côtoie les grands de ce monde, mafieux et “honnêtes” hommes, puisqu’où sont les uns, poussent les autres. Je vous renvoie à l’excellente biographie de Frank Sinatra, « La Voix de l’Amérique » de Georges Ayache (Perrin, 481 pages, 24 €, 2014) où l’on retrouve de nombreux olibrius croisés dans « American Desperado » forcément. Avec une vision criminelle d’un côté, et mondaine de l’autre.

Si les films d’horreur vous font rire, vous allez bien vous fendre la pipe, à ceci près, que là, c’est pas de la rigolade, c’est une histoire vraie. Après, où finit la vérité, où commence la romance…

American Desperado de Jon Roberts & Evan Wright (13ème Note)

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Evan Wright et Jon Roberts

Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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