Barry Adamson « Memento Mori »

Barry Adamson est un excellent bassiste et un formidable compositeur ayant débuté sa carrière au sein de Magazine (1977 – 1981) avant d’intégrer dès le départ les Bad Seeds de Nick Cave qu’il quitte en 1987 pour suivre une carrière de compositeur de musique de film sous son propre nom. En quarante piges, le Mancunien a accumulé un matos impressionnant et des albums épatants. La compilation Memento Mori revient sur une œuvre riche et variée.

Le bonhomme est difficile à rattacher à un style précis. Il est doué pour flouter les limites et diluer les contours. Pourtant, j’avancerais sans crainte une œuvre globalement soul teintée de nombreuses variantes. Cette compilation va dans mon sens et ça m’arrange pour tout te dire. Commencer par sa version de l’inoxydable “The Man with the Golden Arm” d’Elmer Bernstein installe la tonalité d’entrée avant une fantastique “Jazz Devil” qui ouvre la porte à toutes les fenêtres et notamment à une “Civilization” dont je me serais passé personnellement. Peut-être le morceau le moins sexy de la compilation, mais s’il est là, c’est qu’il tient à cœur au chef de l’entreprise. Au tour de “Set the Controls for the Heart of the Pelvis” à l’érotisme effronté en compagnie de Jarvis Cocker (Pulp). “Snowball Effect” est un funk 60’s à faire passer le carnaval de Rio pour une procession mortuaire au château du Comte Dracula un soir d’Halloween…
Adamson est bassiste de formation, il possède un sens inné du groove. À partir de la bombe “The Sun & The Sea”, on change de
registre pour une couleur un peu plus jazzy & swampy. “The Big Bamboozle” poursuit la tournée des speakeasy enfumés avec les verres de gnole renversés sur les tapis de jeu par les talons aiguille de danseuses aux jambes gainées de bas. Le remix de “I Got Clothes” tiré de l’EP Love Sick Dick (2017) tape dans un registre plus électro, moins groovy que le reste de l’anthologie mais tout aussi dansant, ce qui reste la raison sociale de Adamson. “Come Hell or High Water” descend chercher du carburant à la crypte avec Nick Cave et Tindersticks pour s’entretenir des bienfaits de la danse des zombies sur les braises du rock autour d’une bougie tenue par Dr. John. “Something Wicked this Way Comes” est une petite ballade digestive à prescrire pour fin de nuit agitée. “The Long Way Back Again” a des allures de Dylanerie embarqué à bord d’un wagon à bestiaux, vautré dans la paille en admirant les Appalaches défiler. “Up In The Air” donne des sueurs chaudes avec sa cavalerie Power Pop parfaite pour dégommer les hits au stand de tir du show-biz en manque d’audace. La chanson part sur une mélodie vocale à la Kid Pharaon pour partir vers des sonorités chères à Union Carbide Productions et The Soundtrack Of Our Lives. On revient au thème de James Bond version caribéenne de 1992 avant de se tourner vers “Sweet Misery”, une trip hoperie passée en format soul. L’album se clôt sur “The Hummingbird”, seul inédit enregistré spécialement pour la compile. Une crème anglaise nappant Richard Hawley, Tindersticks et Nick Cave.

Une version de l’album – je ne sais pas laquelle – offre deux titres en plus, “Parade” qui était du premier album de Magazine, Real Life, et “From Her To Eternity” tiré de l’album du même nom de Nick Cave & The Bad Seeds qui comprenait alors, outre Nick Cave et Barry Adamson, Anita Lane, Blixa Bargeld, Mick Harvey et Hugo Race, rien de moins ! Cette anthologie résume une œuvre magistrale en 15 titres (ou 17 si tu as du pot).

Barry Adamson Memento Mori Mute/[PIAS]

TRACKLIST

Side A

The Man With The Golden Arm (Moss Side Story, 1989*)
Jazz Devil (As Above, So Below, 1998*)

Civilization (Back To The Cat, 2008°)
Set The Controls For The Heart Of The Pelvis (Oedipus Schmoedipus, 1996*)

Side B

The Snowball Effect (The Negro Inside Me, 1993*)
The Sun And The Sea (I Will Set You Free, 2012°)
The Big Bamboozle (Oedipus Schmoedipus, 1996*)

Side C

I Got Clothes – ACR:MCR Rework (Love Sick Dick Remix EP, 2017°)
Come Hell Or High Water (As Above, So Below, 1998*)
Something Wicked This Way Comes (Oedipus Schmoedipus, 1996*)
The Long Way Back Again (Single version, 2006°)
Up In The Air (Single version, 2016°)
007, A Fantasy Bond Theme (Soul Murder, 1992*)

Side D

Sweet Misery (Love Sick Dick, 2017°)
The Hummingbird (Memento Mori, 2018*)
Parade (Magazine, Real Life, 1978, Blue Plate)
From Her To Eternity (Nick Cave & The Bad Seeds, From Her To Eternity, 1984*)

* Mute Records
° Central Control



Album également disponible sur Apple Music et Spotify.



Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.