Samedi dernier, il m’est arrivé une drôle de chose. Pour la première fois de ma vie, en passant devant la Maroquinerie pour rentrer chez moi, un inconnu m’a spontanément offert une place pour le concert qui avait lieu le soir-même. Simplement parce que son ami ne venait pas et que sinon, la place allait être gâchée. Après toutes ces années à acheter des billets de concerts de manière frénétique, après tous ces vinyles achetés chez mon disquaire alors que ma platine est cassée, après tous ces millions dépensés dans l’industrie musicale et plus particulièrement du spectacle, je peux enfin le dire : oui, le karma existe. Et c’est donc grâce à lui que je suis allée voir Benjamin Booker à la Maroquinerie samedi dernier, pour ce que l’on pourrait considérer comme une véritable « découverte live ».
Salle bondée, public sympathique, allant des rockeurs convaincus entassés dans la fosse aux familles bien sages restées en sécurité sur les marches de la petite salle du 20ème, Benjamin Booker débarque déjà fiévreux, accompagné de ses musiciens qui semblent avoir été conçus pour illustrer le mot « classe » dans le dictionnaire Larousse. Quelques riffs de leurs grosses guitares sur le single « Violent Shiver » et nous voilà embarqués dans leur délire rock’n’roll, sorte de fusion dangereuse entre blues, country et heavy rock. Benjamin Booker nous prouve ainsi qu’il est encore possible de créer des choses complètement nouvelles dans la musique en 2015.
Totalement habité, il ne fait qu’un avec sa guitare et semble éprouver un besoin physique de sortir cette musique de l’intérieur de lui, sans aucun filtre. Entre deux taquineries lancées avec malice à un public plus que coopératif (Est-ce qu’on aime New Orleans ? Bah bien sûr qu’on aime New Orleans !), survient ce moment magique où les musiciens sortent violon et ukulélé pour nous offrir une pause bluegrass qui permet à la voix rauque et puissante de Booker de s’en donner une nouvelle fois à cœur joie. Les bombes rock de son premier album reprennent la suite sans temps mort, mais en multipliant les ruptures de ton, passant soudainement de la fureur à des plaintes écorchées vives.
Quoi qu’il en soit, les jambes ne tiennent plus : ça part en pogo et en slam jusqu’au final carrément stoner qui nous laisse émerveillés devant tant de virtuosité. La classe, tout simplement.
Salle: La Maroquinerie.
Photos par Robert Gil ©
L’intégralité des photos du concert sont à découvrir par ici.
Critique de l’album éponyme
de Benjamin Booker (2014)
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