Les Clermontois renouent avec une formule exigeante effleurée en France durant les années 90 et qui avait le vent en poupe aux Etats-Unis, on appelait ça l’emo pop, un savant mélange de pop punk et de new wave anglaise. Les notoriétés se nommaient Jimmy Eat World, Get Up Kids et un million de groupes tous plus ou moins obscurs et plus passionnants les uns que les autres. Il se pourrait qu’avec LANE d’Angers ou un all-star band lyonnais composé d’ex-Sixpack et Condense prêt à apparaître dans le paysage, Brain Zero fasse partie du premier wagon du renouveau de l’emo pop made in France.
S’attaquer à un style pareil nécessite de l’oreille musicale, de la curiosité, une grosse pratique de l’instrument, de la dextérité, de la pondération et surtout, une sensibilité à fleur de peau. Ce n’est pas dans la mélodie que se cache l’émotion, c’est dans les harmonies que les musiciens s’emploient à exacerber. Le quatuor emmené par Guillaume Fourier (ex-bassiste de Stetson, auteur d’un superbe album en 2010) possède une force harmonique remarquable. C’est dans les interstices qu’il puise son énergie. Il ne se contente pas de l’organique « one, two, three, four, gabba gabba hey » pour élaborer les chansons. Là où la plupart s’attache à privilégier la narration, Brain Zero développe tout un univers autour de chaque titre. Il ne se contente pas du scénario, mais aussi du décor, des costumes, de l’ambiance et de l’humeur. Il y a chez Brain Zero une puissante exigence mélodique. Emma, Guillaume, Mathieu et Matt refusent tout artifice, ils se livrent à nu en préservant à peine leur intimité et leur pudeur. Le courant musical qui marque l’empreinte et l’identité de Brain Zero, prend sa source au sein du label Dischord de Washington D.C. On pourrait rapprocher Brain Zero de mille groupes Dischord. Jusqu’à son nom, nom punk hardcore 80’s s’il en est, alors que musicalement, c’est nettement plus pop même si les grosses guitares sont là et que les chansons ont les dents du fond qui baignent dans le punk américain des 80’s. Et tout cela, avec un attachement viscéral aux Beatles, ce qui par ailleurs n’est pas incompatible.
Ce premier disque est un 25 centimètres composés de six titres comme l’exige la charte du label 6 Tone Records qui, avec Brain Zero, possède un TER (Très Émo Rock) qui pourrait être requalifié en TGV (Très Gros Vendeur) s’il n’y prenait gare.
Brain Zero A Trip Down Memory Lane 6 Tone Records
TRACKLIST :
Face A
Blackwood
Going Outside
Empty Place
Face B
Memories
Meat
Happy Sadness
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