Broken Waltz « A Mysterious Land of Happiness… »

Quand Buck se métamorphose en Broken Waltz pour un premier album tout à fait remarquable, on se dit que la nature humaine n’est pas encore complètement bouchée à l’émeri dans un monde où la nouvelle grande ambition de l’homme est pourtant de s’autodétruire. Vu son comportement, tant mieux, la planète ne s’en portera que mieux.

Intituler un album Un mystérieux pays de joie… avec une musique pareille, ça relève quand même de l’intimidation passive, voire de la provocation gratuite. Ce qui compte le plus dans le titre finalement, ce sont les points de suspension placés là pour accentuer l’ironie, comme une sentence, comme un dernier jugement. Les Broken Waltz pratiquent un swamp rock poisseux, carnassier, cadencé par une batterie de Roberval et une grosse basse ronflante et bien baveuse. Épaulées à des moments par un saxo carnassier et des claviers foudroyants rappelant Beck parfois, ou même les Beastie Boys. Que d’ex-Buck s’amusent à la prise de Beck, y’aurait comme qui dirait de la relance sur la gelée de coings, mais dans l’ensemble, les Broken Waltz grouillent comme des vauriens dans le même marigot que l’autre plouc de Tom Waits avec des relents de Dr John et Captain Beefheart non négligeables. Si tu veux les croiser, t’as qu’à sauter dans la première diligence qui trace direction NOLA. Ces gars-là manipulent le blues comme des artificiers jonglent avec la nitroglycérine pour décapsuler les coffres-forts. C’est précis, minuté, minutieux. La longueur de la mèche est calculée en fonction de l’impact désiré au moment souhaité. Le hasard n’a pas sa place ici. Cette économie d’instruments est compensée par des apports pas forcément extérieurs même si des voix se prêtent au jeu en complément du sax et des claviers. Tout est dans l’intonation et dans l’intention. Ces mecs sont des génies et ce premier album est la parfaite bande-son à une littérature du sud des Etats-Unis dans laquelle se croisent des rednecks, des tramps et des freaks encore plus tordus que chez Donald Ray Pollock. Tant qu’on est entre gens de bonne compagnie, la terre peut continuer de tourner…

Broken Waltz A Mysterious Land of Happiness… Beast Records/L’Autre Distribution
Photo de couverture : Vincent Paulic ©

TRACKLIST :

Face A

Love & Apocalypse
The Devil Has a Bigger Heart Than Men
Fresh News From The Other Side
Hypocrites / Part 1
Long Live The Bride
Paris, Feb 16. 1939

Face B

Parade
Fuck The Guitar Player
Hypocrites / Part 2
Facedown in the Dust
He fell Down
Wherever You Go
A Mysterious Land of Happiness…



Egalement disponible sur Deezer ainsi que chez tous
les bons disquaires indé’ ! 



Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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