Dem Atlas « Bad Actress »

Signé chez Rhymesayers depuis plusieurs années déjà, Dem Atlas a pris son temps pour sortir ce premier album. Si ses EP’s Charle Brwn et DWNR puis sa collab’ au coté de la légende MF Doom (mF deM en 2016) avait fait forte impression, Bad Actress est d’un tout autre niveau…

C’est dans la musique, le cinéma, la poésie et dans toutes les formes d’expression en général que Joshua « Dem Atlas » Turner se réfugie durant une enfance merdique passée avec des parents qui se foutaient régulièrement sur la gueule. Un refuge qui l’a emmené à se forger une culture musicale particulièrement éclectique. Par le passé, Turner s’était essayé à la production, prouvant ainsi qu’il était plus qu’un simple emcee.
Si sa rencontre avec MF Doom avait largement de quoi impressionner, celle d’Anthony « Ant » Davies semble couler de source. En le prenant sous son aile, le producteur a bien saisi les influences et l’univers du jeune rappeur. Les beats de Bad Actress -qui figurent indiscutablement parmi ses prod’ les plus réussies- ne sont pas si éloignés de celle de Mi Vida Local, le dernier Atmosphere (le groupe qu’il partage avec Slug). Ant revient à un pur Boom-Bap redoutable, enrobé de bons riffs de guitare et de belles parties claviers (signées, une fois de plus, G Koop). De son côté, Turner monte l’étendue de son talent, et l’on sent planer sur lui l’ombre de ses collègues de label (Grieves, P.O.S. ou Slug); Comme eux, il couche à merveille ses émotions, ses peines et ses doutes en chansons et laisse entrevoir un personnage complexe, entre amoureux torturé et poète mentalement instable.
Il ne fait aucun doute que Bad Actress est un pur disque de Rap, mais la force de l’album réside dans l’immense talent de Dem Atlas, qui insuffle à son Hip-Hop des influences Soul et Gospel (« Music Man ») voire R&B (« Gotta Get Ova », « Can’t It Fall ») ou Rock façon Sly Stone (« Gratitude »). Par sa capacité à rapper avec la même aisance qu’il chante, Turner fait souvent penser au talentueux Charles X, auteur du bluffant Sounds of the Yesteryear il y a deux ans.

En 2015 déjà, Village Voice avait vu juste en classant Dem Atlas parmi les artistes Rap à surveiller. Trois ans plus tard, Turner en impose toujours autant et confirme les dires de l’hebdo’ New-Yorkais en signant avec Bad Actress l’un des meilleurs disques de Hip-Hop de l’année.

Dem Atlas Bad Actress Rhymesayers

TRACKLIST:

Side A

Tomorrow Party
Never Belonged
Early Train
Gratitude

Side B

Bad Loves Company
Never Knows Best
Pneumonia
Music Man

Side C

Ronnie
Let Down
Burn Out

Side D

Runnin’ Back
Born Yesterday
Can It Fall
Gotta Get Ova


Album également dispo’ sur Apple Music, Bandcamp & Spotify.




Critique de Mi Vida Local d’Atmosphere (produit par Ant),
sorti en 2018 chez Rhymesayers.

slug sean daley anthony davies ant rap hip-hop g-koop dj plain ol bill rhymesayers mi vida local virgo 2018 critique review écoute chronique hip-hop emcee beatmaker rappeur
 

Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.