Gluecifer « Ridin’ the Tiger »

Ridin' the Tiger

Sans les stigmatiser, faut bien admettre que les groupes d’Oslo en ont un sacré coup par la cafetière. Comme bourrins de concours, ils se posent là. Gluecifer. Déjà, le nom. Ça fait rigoler du genou.

J’étais archi-fan du premier mini-album, le furieux Dick Disguised As Pussy (Hit Me, 1996) — amis de la poésie, bonsoir —, très punk, esprit New Bomb Turks, DMZ, Anal Babes. Des crétins patentés. Avec Ridin’ The Tiger, les barbares d’Oslo passaient la seconde après avoir fumé l’embrayage, dans le sillage du drakkar des Hellacopters. Alors là, le fameux trois-mâts, fin comme un oiseau, se mue en tigre des mers pour déchirer les flots de son poitrail saillant. Il se pilote comme un taureau longhorn au rodéo de Pecos. Le son est extrême, les guitares sanguinaires, la rythmique explosive, les mélodies apocalyptiques. Avec Ridin’ The Tiger, son meilleur album, Gluecifer fait sauter à la dynamite l’armurerie tenue par les bouchers de Motörhead et les bourreaux du MC5, avant de glisser imperceptiblement vers des sonorités plus heavy à force de faire les cons en parodiant Kiss, Cheap Trick et d’autres, pires encore ; mais il est des mots que je ne peux écrire au risque d’avoir les dents qui saignent.
Je les ai vus pour la première fois au Pez Ner à Villeurbanne, le 6 février 1998, en première partie des Hellacopters. Ils faisaient le show, guitares brandies et poses de branleurs. Je suis client de l’humour de répétition, ça tombe bien. Gluecifer a usé jusqu’à la corde tous les gimmicks parodiques ayant fait sa gloire. Il pouvait se le permettre tant le groupe était bon sur scène. Il offrait un spectacle, un vrai. Il ne faisait pas que reproduire le disque, il le mettait en scène. Même en fin de parcours, quand le groupe était musicalement moins pertinent et à bout de souffle, ça restait une machine de guerre en concert, c’était toujours impressionnant et visuellement spectaculaire.

Boba Fett, le pianiste des Hellacopters, participe à cette orgie sonique scindée en deux actes, la fantastic side d’un côté, la great side de l’autre. Je ne t’oblige pas à posséder toute la discographie de ces malades mentaux, mais tu as intérêt à acquérir Ridin’ The Tiger rapidement si tu ne l’as déjà, sinon, je vais te coller des pénalités de retard qu’à côté, la dette grecque te semblera des agios d’allocataire aux minima sociaux avec lubrificateur intégré !

Gluecifer Ridin’ The Tiger 1997, White Jazz/2015, Konkurs Productions

TRACKLIST:

Side A

Leather Chair
Rock ‘n’ Roll Asshole
Bounced Checks
Evil Matcher
Rockthrone

Side B

Burnin’ White
Titanium Sunset
We’re Out Loud
Obi Damned Kenobi
Under My Hood
Primeover



Album également dispo’ sur Spotify par ici.

Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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