H. Hawkline « In The Pink Of Condition »

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Comment un artiste réussit­-il à entrer dans nos vies et à créer en nous ce besoin de l’écouter sans cesse ? Probablement en créant un sentiment rassurant d’intimité qui nous donne l’impression, dès la première écoute, de le connaître depuis toujours.

C’est ce que provoque In The Pink Of Condition, le quatrième opus de H. Hawkline, originaire du Pays de Galles, terre apparemment trop éloignée pour qu’on ait entendu parler de ce jeune aventurier pop avant aujourd’hui. Exilé à Los Angeles depuis plusieurs années pour fuir la pluie, il arrive enfin chez nous avec cet album produit par sa petite amie, la toujours de très bon goût Cate Le Bon, et sous très grosse influence de Gruff Rhys et ses Super Furry Animals (tout ce petit monde est donc très, très gallois). Et (ré)invente ainsi le concept de familiarité musicale.
En parfait cousin de l’illuminé Ariel Pink, Hawkline se la joue tranquille et mélancolique et nous invite dès les premières chansons à entrer dans son quotidien plus gris que rose, et à faire un petit tour du côté de sa station balnéaire de Prestatyn. En quelques notes, il envahit notre imaginaire et parvient à nous faire croire que l’on a toujours partagé sa vie. « Sticky Slithers » démarre et nous voilà projetés dans les rues de Cardiff à papoter avec Huw Gwynfryn Evans (ceci n’est pas un personnage du Seigneur des Anneaux, ceci est son vrai nom), avant d’aller rendre une visite de courtoisie à « Isobelle », titre lo­fi idéal qui ne dépareillerait pas sur le label new­yorkais Captured Tracks (maison bénie de Mac Demarco et Chris Cohen). Magie de la musique pop : quelques guitares négligées, une voix nonchalamment haut perchée, et « Everybody’s on the Line » transforme les courses hebdomadaires au Franprix en une excursion dépaysante au Marks & Spencer de la capitale galloise. Un dimanche pluvieux à siroter a cup of tea dans son fauteuil, tout en regardant les maisons de briques rouges par la fenêtre au son de « Rainy Summer », quelques bagarres de rue encouragées par les endiablés « Ringfinger » et « Moddion », une balade bucolique dans les champs synthétiques 60’s de Jacco Gardner avec « Dirty Dreams » : In The Pink Of Condition est un album de l’immersion, où toutes nos vies, réelles ou inventées, s’entremêlent. Enfin le bouleversant « In Love » impose délicatement H. Hawkline comme le dernier romantique : s’il n’atteint pas la perfection d’un « Chamber of Reflection » (Mac, je t’aime), il nous fait quand même la promesse d’un arc­en­ciel sonore et nous convainc définitivement de nous expatrier pour le rejoindre où qu’il soit.

Avec ses chroniques sociales malicieuses et ses comptines douillettes, l’album fait ainsi l’effet d’une bouillotte musicale bien réconfortante pendant ces longs mois d’hiver, chaque chanson venant se caler amoureusement au coin de notre oreille. Coup de foudre immédiat, adhésion totale et addiction inévitable.

H. Hawkline In The Pink Of Condition Heavenly Recordings

TRACKLIST:

Side A

Sticky Slithers
Isobelle
Everybody’s On The Line
Moons In My Mirror
Rainy Summer
Concrete Colour

Side B

Ringfinger
In Love
Dirty Dreams
Moddion
Spooky Dog
Back In Town



Album également dispo’ sur Spotify.




Julia Rivière

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