Jessica Pratt « Quiet Signs »

Quiet Signs, le troisième album de la Californienne Jessica Pratt, s’ouvre réellement avec « As the World Turn ». Sa voix, lorsqu’elle chante « I need soul to keep the whistle blown » est doublée d’une guitare subtile, lointaine, qui transporte loin, là où peuvent vous porter vos souvenirs que vous associerez.

Introduit par « Opening Night », ce deuxième titre offre une variation au piano du même thème ici joué à la guitare et qui semble invoquer Satie. Son chant ne m’a jamais permis de comprendre aisément le sens de son écriture si ce n’est ponctuellement : dans le très beau « This Time Around », il s’agit d’un « It makes me want to cry » qui ne fait qu’ajouter un peu plus d’épaisseur au mystère de sa composition. Parfois, une flûte traversière nous fait réellement penser à la folk du tournant des années 60 et 70 et puis non, un clavier nous perd, nous rappelle l’originalité de l’œuvre de Pratt qui, plus on l’écoute, moins se laisse classer. N’a-t-elle pas dit ne pas aimer être rangée parmi les artistes folk ? Peut-être l’influence de la ville où elle a grandi, San Francisco, est-elle inévitable. “Crossing” est ainsi inclassable, objet rare parmi un album identique à un cabinet de curiosités capable de créer une étonnante unité à partir d’une somme de diversité. C’est l’Europe slave qui transperce dans certaines sonorités de ce titre.
Il faisait chaud pendant cet été 2015 à Melbourne quand est sorti son deuxième album (On Your Own Love Again en 2015 chez Drag City) porté par le titre « Back Baby ». Je l’ai écouté en boucle et il a fallu que deux années et demie passent pour enfin la voir jouer.
C’était au Botanique, à Bruxelles, en novembre 2018. Peu de personnes -une vingtaine peut-être, une quinzaine plus sûrement- avait fait le déplacement. Je m’attendais (j’espérais !) entendre « Back Baby », « Moon Dude » ou « Jacquelyn in the Background » (tous trois issus de son fameux deuxième LP) et retrouver la chaleur que je leur avais associée. Mais elle et Matt McDermott qui l’accompagnait sur scène, ont joué uniquement les nouveaux titres de cet album qui allait sortir quelques mois plus tard, en février 2019. Le concert, véritable instant suspendu, était magique, malgré un horaire et une durée qui m’a forcé à trouver quoi faire pour occuper une soirée à peine entamée. En sortant, le froid, le bar brun flamand de la rue Sainte-Catherine et le brouillard prolongeaient parfaitement à l’ambiance importée par ce duo discret et réservé. L’album s’écoute d’une traite, chaque titre formant une suite logique et pourtant halluciné qui peut s’apprécier assoupi, au soleil derrière une fenêtre, à midi.

Jessica Pratt Quiet Signs Mexican Summer/City Slang

TRACKLIST :

Face A

Opening Night
As The World Turns
Fare Thee Well
Here My Love
Poly Blue

Face B

This Time Around
Crossing
Silent Song
Aeroplane


Album également disponible  sur Apple Store, Bandcamp, Qobuz, Spotify & Tidal,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !



Adrien

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