Jurassic World : « Le monde d’après »

Voilà, c’est bon. On y est. On a atteint le niveau zéro du blockbuster voire même, de la franchise. Après quatre Ghostbusters, sept Mission: Impossible, onze Star Wars, vingt-huit Marvel (!!!), on retrouve (Oh surprise!) la sixième et espérons, la dernière, production Jurassic Park. Moi qui avait pesté devant les propos de Scorcese à l’égard des productions Marvel, qu’il avait comparé à des parcs d’attraction, voilà que je rejoins finalement son camp. Et là, pour le coup, on a vraiment du mal à appeler ça du cinéma…

Alors ‘tention, sans vouloir sombrer dans le discours boomer du « gnagnagna c’était mieux avant », il est difficile de trouver un quelconque intérêt ou une once d’originalité au « cinéma spectacle » d’aujourd’hui, tout n’étant désormais qu’adaptation, remake, reboot ou suite (même si, ne l’oublions pas, le Jurassic Park de 1994 était lui aussi une adaptation d’un livre de Michael Crichton). Difficile à suivre ou ne serait-ce que comprendre lorsque l’on a raté les précédents opus ou les personnages ont été introduits et l’histoire mise en place.
Bref, ne nous égarons pas et n’y allons pas non plus par quatre chemins : Jurassic World : Le Monde d’Après (ou Dominion en v.o.) est d’une paresse scénaristique rarement vue au cinéma… Tellement mal écrit, tellement prévisible qu’on le croirait signé d’un élève de CM1 (et encore, c’est pas sympa pour le gosse). L’intégralité des personnages est truffée de clichés (Chris Pratt aka le « mâle alpha qui n’a peur de rien » en tête, Bryce Dallas Howard en ancienne business woman toujours bien coiffée/maquillée) DeWanda Wise en sidekick badass, sans parler des « bad guys » qu’on voit venir à des kilomètres (on en passe et des bien pires), et le plus triste dans tout ça, c’est que même le retour du trio Neill/Dern/Goldblum (présent dans le mythique premier volet) ne nous fait plus aucun effet, sortis de leur apparition dans le teaser du trailer N°1. Absolument AU-CUNE SUR-PRISE. Le cinéma moderne (en tout cas celui-là) est fait pour faire des entrées, pour rentabiliser et rendre les studios auteurs des dites « grosses productions » encore plus riches et populaires, et plus pour séduire, émouvoir, faire réfléchir etc… Comme quoi, aussi bon soient les acteurs, aussi charismatiques (en tout cas, à l’origine) soient leurs personnages, quand leurs rôles sont écrits à la truelle, rien de bon n’en ressort. L’intégralité du casting est en roue libre, ils font le taf mais, devant un fond vert et quelques végétations en guise de repères, ils doivent quand même se demander ce qu’ils foutent dans ce bourbier (des éléments de réponse se trouvent dans la comédie de Judd Apatow The Bubble sur Netflix).
Quelques « répliques chocs » accrochent ou amusent mais pour ça, inutile de se coltiner 2h26, il suffit de regarder la bande annonce du film (la première ou la deuxième…à moins qu’il ne s’agisse du « Final trailer »…), à croire qu’elles ont uniquement été écrites pour ça. Côté dinosaures, parce que c’est quand même de ça qu’il s’agit, les scénaristes tellement en panne d’inspi’ (si tant est qu’ils en ont eu à un moment) ont imaginé un soir de réunion, complètement lessivés, le plus grand du plus fort des plus robustes des dino’ dont rien que le nom fait sourire : le Giganotosaurus… Même le thème musical écrit par l’immense John Williams (qui fait toujours autant d’effet) revisité par le pourtant talentueux Michael Giacchino ne procure aucune émotion.

En résumé, si vous avez perdu quatre minutes à lire cette chronique, n’en gaspillez pas plus et optez pour autre chose de plus inspiré. Un bon bouquin, un choix plus judicieux de film, en cherchant bien, vous verrez que les salles obscures en proposent encore beaucoup qui méritent notre attention.
Il y a 29 ans, le personnage de John Hammond (interprété par Richard Attenborough) prétendait avoir « dépensé sans compter » à l’élaboration de son Jurassic Park, force est de constater que cette fois, ce sont les producteurs qui ont dépensés sans compter mais surtout, sans réfléchir.

Jurassic Park : Le monde d’après réalisé par Colin Trevorrow
Scénario de Emily CarmichaelDerek ConnollyColin Trevorrow
Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Sam Neill,
Laura Dern, Jeff Goldblum & Isabella Sermon
Sortie le 8 juin 2022


Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.