gil scott-heron « la dernière fête »

la dernière fête

Ce qui au départ devait être un hommage appuyé à Stevie Wonder et à Martin Luther King est devenu sa biographie sous l’insistance de l’éditeur.

« Garçon, noir, légitime », Gil Scott-Heron est né dans une bonne famille de Jackson, Tennessee. Il raconte le racisme au quotidien, la ghettoïsation, sans dramatiser. Étonnantes similitudes entre le sud des USA des années 60 et ce qui se passe en France aujourd’hui. Très tôt, GSH écrit. Il se considèrera toujours plus auteur que musicien. Grâce à la rencontre providentielle avec une prof qui détecte ses prédispositions littéraires, il intègre de bonnes écoles. Il sort un premier disque de poésie. Son label l’incite à le mettre en musique, ça deviendra Pieces Of A Man (1971, Flying Dutchman) avec l’hymne “The Revolution Will Not Be Televised”.
GSH nous parle de ses amitiés, des gens incroyables avec qui il a bossé, des rencontres improbables comme ces quatre rastas dans sa chambre d’hôtel. Parmi eux, il y avait Bob Marley. Bob Marley que remplacera Gil Scott-Heron au pied-levé pour la longue tournée américaine Hotter Than July avec Stevie Wonder fin 80 quand le Jamaïcain fut hospitalisé pour le cancer qui l’emmènera. Durant cette tournée, Wonder avait pour habitude d’avoir un invité-surprise prestigieux qui montait sur scène à la fin du show pour chanter un titre à trois avec GSH. Le jour où ils chantèrent avec Michael Jackson, GSH fut stupéfait par le professionnalisme du “roi de la pop”. Même s’il ne met jamais en avant son engagement politique, c’est génétique. A l’école, déjà, il mène des actions. Il tient ça de sa mère.

Le poète est mort à l’âge de 62 ans en 2011 non sans avoir laissé un dernier album magnifique, I’m New Here (2010, XL Recordings) et cette biographie qui paraît bien édulcorée, puisqu’après cette fameuse tournée avec Stevie Wonder, il ne dit plus rien ou presque. Il ne parle pas de ses soucis avec la justice. Ce livre révèle l’humaniste au-delà du poète-chanteur.

La Dernière Fête de Gil Scott-Heron (Editions de l’Olivier)
Chronique publiée dans Dig It # 61

Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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