The National au Zénith de Paris

Il y a deux ans, peu après la fin de cette foutue épidémie de Covid, The National reprenait maladroitement le chemin des routes avec un chanteur pas encore tout à fait sorti de dépression. Pour leur retour à Paris, nous étions particulièrement impatients de découvrir si le groupe, et surtout son leader, avait retrouvé sa forme et son charisme d’antan. Un doute très vite dissipé : dès son entrée sur scène…

Alors que résonne encore dans la salle le « Slippery People » de Talking Heads, les National débarquent face à un Zénith plein à craquer. Matt Berninger, dansant avec, un verre à la main, semble déjà particulièrement guilleret. On est rassuré, leur décevante performance de 2022 à la Salle Pleyel ne restera donc qu’un fâcheux souvenir. On le sait déjà, le groupe entretient une relation particulière avec la France, pays qui l’a adopté dès ses premiers albums (merci Talitres et Bernard Lenoir) et Paris en particulier, terre d’adoption de deux des membres ; Chacun de leur concert est toujours très attendu.

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En guise d’ouverture, « Runaway », poignant et impeccablement interprété rassure d’emblée le public. Particulièrement généreuse, le setlist explore une grande partie de la discographie du groupe, en favorisant bien évidemment leur deux derniers albums, The First Two Pages Of Frankenstein et Laugh Track, tous deux parus à quelques mois d’intervalle en 2023. À l’approche de ses trente ans de carrière, il semblerait que le quintet de l’Ohio (sextet, si l’on inclut les fidèles Ben Lanz & Kyle Resnick, présents sur scène depuis plus de quinze ans) soit enfin parvenu à trouver la formule gagnante d’une prestation scénique réussie : à savoir un set parfaitement calibré où tout le monde, fans comme profanes, y trouve son compte. Bien qu’il continue d’injustement zapper ses deux premiers LP’s (The National & Sad Songs For Dirty Lovers), le groupe fait tout de même plaisir à ses fans de la première heure avec quelques trésors passés (citons par exemple « Abel » et un trop rare « Cherry Tree », absolument dantesque), une poignée de titres aussi indispensables que tubesques (« Mr. November », « Bloodbuzz Ohio », « Terrible Love », « The System Only Dreams In Total Darkness » & le traditionnel « Fake Empire »)

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et quelques balades à vous fendre le cœur (« Light Years », « I Need My Girl » « England » ou « Pink Rabbits »). En plus d’avoir retrouvé l’alchimie et l’inspiration sur disque, la formation semble détendu et de bonne humeur, s’échangeant régulièrement regards complices et sourires amusés. Ils semblent prendre beaucoup de plaisir à jouer ensemble et ça se voit, ils s’amusent et piochent les titres qu’il aime jouer, sans aucune contrainte. Leur setlist évolue de jour en jour et, déjà, certaines récentes compositions ont l’allure de grands classiques, citons par exemple « Eucalyptus » et « Alien », qui gagnent toutes deux en tension en live ou la paire post-punk « Space Invader »/ »Smoke Detector », cette dernière étant dédicacée, non sans une pointe de cynisme de la part de Berninger, à Notre-Dame-De-Paris. Le groupe accueille Pauline « Mina Tindle«  De Lassus et Kate « This Is The Kit » Stables pour trois extraits de I Am Easy Too Find (sur lequel les deux chanteuses étaient déjà présentes): « Oblivions », « Rylan » puis, plus tard, « Light Years ». Il n’est pas surprenant de voir Matt Berninger faire quelques allusions bien senties au retour de Trump dans la campagne présidentielle, surtout quand on connait l’engagement du groupe pour la politique et le camp démocrate en général ; sans pour autant saouler le public de banalités, les Dessner communiquent quant à eux volontiers avec l’assistance et répondent non sans humour aux vannes de Berninger, tandis que la fratrie Devendorf reste discrète mais très appliquée. Derrière ses fûts, Bryan est d’un calme olympien alors qu’il sort des parties batterie foutrement complexes avec une grande maitrise. Les minutes et les chansons défiles et on ne voit pas le temps passer, peu après le traditionnel rappel, on se quitte après le toujours aussi touchant Vanderlyle Crybaby Geeks », point d’orgue des concerts des Américains, interprété en acoustique Bryce & Aaron Dessner, quelques percussions, les cuivres du duo Resnick/Lanz mais surtout, par la quasi totalité du public dans un moment de grâce sublime.

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Rares sont les groupes qui parviennent à garder leur public captif sans ennui plus d’1h30, The National lui, explose les compteurs avec une setlist de 26 titressur une durée avoisinant les 2h30 face à une audience de plus de 6000 fans amoureusement attentive du début à la fin. On peut dire que le Berninger & Co. ne se sont clairement pas foutu de leurs fans français avec une prestation de haut vol que l’on est pas près d’oublier. Notre seul souhait serait désormais de les revoir sur une scène avec un peu plus de cachet qu’un Zénith

Setlist
Runaway
Eucalyptus
Tropic Morning News
Don’t Swallow the Cap
Bloodbuzz Ohio
The System Only Dreams In Total Darkness
I Need My Girl
This Is the Last Time
Oblivions
Rylan
Conversation 16
Cherry Tree
Abel
Alien
Deep End (Paul’s In Pieces)
Smoke Detector
Day I Die
Pink Rabbits
England
Graceless
Fake Empire
Space Invader
Rappel
Light Years
Mr. November
Terrible Love
Vanderlyle Crybaby Geeks

The National + This Is The Kit
Salle: Le Zénith de Paris
Production: Radical
Photos de Graham MacIndoe ©
Affiche par The National/This Is The Kit par Félix Godefroy


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Compte rendu du concert de The National à Paris, Salle Pleyel en 2022 (Olympia Production)

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Playlist « Les National par Slow Show«  permettant de découvrir le groupe
de l’Ohio en parcourant via leur titres les plus emblématiques, en studio comme en live.

Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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