Olivier Bruneau « Esther »

Après le fulgurant white-trash Dirty Sexy Valley (2017, Le Tripode), Olivier Bruneau fait un retour fracassant avec Esther, un roman d’anticipation qui doit à Terminator cette fois, mais sans dévier de sa ligne directrice, un peu d’humour, du cul, du cul, du cul et encore du cul.

L’histoire se déroule dans un futur plus ou moins proche. Les robots sont ultra perfectionnés. De vrais robots ménagers au sens littéral du terme. Il en existe de toutes sortes, de toutes les gammes, pour toutes les bourses. Ça va du robot qui se charge des tâches ménagères à la voiture autonome. On trouve même des modèles grand luxe, “objets” sexuels plus perfectionnés et plus réalistes que la poupée gonflable, l’hologramme ou le simple sextoy puisque ceux-là ont la particularité d’être en matière synthétique et de ressembler à s’y méprendre à un être humain. La peau synthétique a la même texture que la peau humaine. Mais sont-ce vraiment des “objets” ? Là où on rigole, c’est qu’on les appelle des lovebots, des robots d’amour, ce qui renvoie à Love Boat (en français, La croisière s’amuse).
Dans ce roman, la croisière est pourtant loin de s’amuser. Le couple, Anton et Maxine, trouve un lovebot salement endommagé. Anton le récupère et le rapporte à la maison sans en parler à sa femme. Il réussit à mettre en route le robot qui a pour fonction de ne faire que l’amour avec son propriétaire, donc Esther, puisque tel est le nom du lovebot, s’offre à Anton qui ne peut résister à l’appel de la chère le petit sagouin – écrivez chair comme bon vous semblera, le résultat est le même -. Maxine s’en aperçoit. Ça se finit en partie à trois. Mais ce n’est pas tout ça, la compagnie qui a conçu Esther est à sa recherche car la lovebot a tué son ancien propriétaire et le problème, c’est que le concepteur ne l’a jamais programmé pour ça. La “machine” a pris elle-même l’initiative. Il faut la retrouver avant que ça ne fasse une mauvaise publicité à la marque. C’est le bordel. Deux tueurs, deux robots en l’occurrence, sont à la recherche d’Esther à qui il arrive mille aventures la pauvre. On a même droit à une course-poursuite d’anthologie entre robots, hommage non dissimulé à Terminator. Toutefois, en fermant les 500 pages de cet excellent roman très rythmé et plein de rebondissements, on se pose la question de savoir si cet avenir n’est pas si proche que ça, si les robots ne finiront pas par prendre le pouvoir. À force de leur déléguer toutes les tâches, ils sont en capacité de mieux répondre aux attentes de leurs propriétaires et donc, de réfléchir. Au-delà du divertissement, Olivier Bruneau remet au centre du débat une question vieille comme mes robes, l’évolution de la technologie. On peut imaginer combien certains ont dû être effrayés à l’apparition de la roue comme d’autres l’ont été avec l’invention de l’électricité ou du téléphone, alors les robots, pensez donc… Après avoir lu ce roman, vous ne tournerez plus jamais le dos à votre lave-linge une fois que vous l’avez mis en route.

Olivier Bruneau Esther Le Tripode
514 pages, 19 €


Critique de Dirty Sexy Valley
paru en 2017 chez Le Tripode2017 critique livre roman review dirty sexy valley le tripode white trash olivier bruneau

Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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