P.O.S. « We Don’t Even Live Here »

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Attendu au tournant, Stefon « P.O.S. » Alexander, multi-instrumentiste touche-à-tout livre ici son quatrième album, toujours dans une veine rap futuriste et rentre-dedans.

Ayant grandi aux doux sons de Refused, Minor Threat ou Kid Dynamite, le jeune punk découvre le hip-hop sur le tard, et crée peu après le label/collectif Doomtree avec des amis. Trois albums solo après, Stefon est toujours aussi productif et affirme son style, comme rappeur, mais aussi comme musicien avec Buiding Better Bombs et Wharf Rats, ses formations hardcore. Ses influences rock se font aussi sentir sur ses albums solo, et ce nouvel opus ne déroge pas à la règle.
D’emblée, le lourd titre d’ouverture, « Bumper », rythmé par deux batteries résonnant de chaque côté des enceintes, annonce la couleur : « I take my time with it, I take forever, so sick of work and that clever ». L’anarcho-punk affine son écriture et WDELH, disque engagé mais pas seulement, en est la preuve parfaite. L’Amérique d’Obama en prend pour son grade avec « Wanted/Wasted » et sur « Fuck Your Stuff », véritable hymne typé Doomtree, le rappeur crache sur les marques et les produits de consommation et incite les gens à se débarrasser de tout ces artifices.
Musicalement, l’album peut être divisé en deux parties, la première se situe dans la veine de ce à quoi P.O.S. nous a habitués par le passé : des beats mélangeant boîte à rythmes et batterie enregistrée live, le tout agrémenté de claviers, scratches, guitares et complété par le flow inimitable du rappeur comme sur le sombre « Lockpicks, Knives, Bricks And Bats » au beat lourd, qui n’aurait pas dépareillé sur son précédent album Never Better. Plus calme, le brillant « How We Land », avec son instru’ presque pop et sur lequel chante Justin Vernon (Bon Iver), convainc tout autant. La seconde partie de l’album fait quant à elle la part belle aux sonorités électroniques, la présence des Allemands Housemeister et Boys Noise dans les crédits nous y avait préparés. « Get Down », « Weird Friends » et « All Of It » semblent tout droit sorties d’un club berlinois. Parfois un peu foutraques, les instrus de cette seconde moitié d’album dévoilent toute leur richesse après plusieurs écoutes (au casque pour ne rien rater).

Avec We Don’t Even Live Here, P.O.S. place la barre encore plus haut et prouve une nouvelle fois qu’il est l’une des figures les plus importantes du hip-hop alternatif. Long live Rhymesayers & Doomtree !

P.O.S. We Don’t Even Live HereRhymesayers/Doomtree
Chronique publiée à l’origine dans le magazine New Noise.

TRACKLIST:

Side A

Bumper
Fuck Your Stuff
How We Land (feat. Justin Vernon of Bon Iver)
Wanted/Wasted (feat. Astronautalis)
They Can’t Come (feat. Sims)

Side B

Lock-Picks, Knives, Bricks And Bats
Fire In The Hole/Arrow To The Action
Get Down (feat. Mike Mictlan)
All Of It
We Don’t Even Live Here (Weird Friends)
Piano Hits



Album également dispo’ en streaming sur Bandcamp et Spotify.









Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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