Ruby Shoes « Sweet Devine »

Duo franco-britannique, Ruby Shoes fait la bamboche avec ce premier album qui succède à un 6 titres paru il y a quatre ans. Des duos mixtes modèle Mecca Normal, il en apparaît régulièrement pour différentes appréciations de la matière sonore, des Kills aux Magnetix en passant par les White Stripes ou les Limiñanas, ça fait de la maille. Ruby Shoes suit encore une autre piste avec la magnifique voix de la chanteuse guitariste Pinky.

L’album débute par une impressionnante “Burning Inside” portée par la ligne de basse de Kokor et un petit synthé qui donneraient à l’ensemble une direction artistique à la Baxter Dury si n’était l’extraordinaire voix de Pinky aux intonations entre Patti Smith et Doris Le Mat-Thieulen, dire si la dame tutoie les étoiles. Le rapprochement avec Dury s’arrête là. La chanteuse s’impose sur différentes tonalités. Jamais tonitruante, toujours posée et rassurante. Elle se permet de crapahuter en équilibre en bord de falaise pour mieux défier le vide en le comblant de formidable manière. Pinky et Kokor ne s’emballent jamais et font l’éloge de la douceur et de la lenteur tout en maintenant la tension électrique au bord de l’explosion sonique en permanence. On sent qu’il n’en faudrait pas beaucoup pour que ça s’emballe, que les aiguilles des compteurs Geiger se collent dans le rouge. Ruby Shoes exprime une forme maîtrisée de jeunesse sonique, moins énervée et tout aussi juvénile, mais pas plus calme pour autant, c’est serein ; tendu, mais serein, manière de ne pas effrayer l’auditoire, de l’inviter à s’installer confortablement et à prendre part au débat. Sûrement un effet collatéral de la voix assurée, le disque est douillet, on se sent en sécurité à son écoute. Le format duo est finalement très malléable, il permet à Ruby Shoes d’adapter son humeur à chaque chanson pour un Sweet Divine qui devrait selon toute vraisemblance trouver chaussures à son pied tant le disque est facile à vivre et il y a cette voix, divine elle aussi. Qu’un groupe pareil provienne du Havre n’étonnera pas le pèlerin. Après avoir édité le livre témoignage Du noir au rose de Doris Le Mat-Thieulen, les Éditions LibérÉe(s) publient cet album avec une chanteuse surnommée Pinky, avouez quand même que chez LibérÉe(s), on voit la vie en rose.

Ruby Shoes Sweet Divine LibérÉe(s)
Photo de couverture : Antonia Enos ©

Face A

Burning Inside
The Only Fool
Nightmares
Butterflies
My Tears

Face B

Sweet Divine
Another Day
Inconvenience
1984
The Boy Next Door


Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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