The Black Keys « Ohio Players »

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Autrefois comparé aux White Stripes -de par son amour du blues, la similarité de son nom et, bien entendu, du fait qu’il sévissait en duo- The Black Keys s’est depuis longtemps éloigné du style de Jack White. Alors que le groupe de l’Ohio s’est ouvert à un public toujours plus nombreux grâce à une musique populaire (pour le meilleur comme pour le pire), White a préféré mettre fin à sa formation pour s’éloigner le plus possible des projecteurs en proposant, en solo, une musique plus exigeante.

Plus prolifique que jamais, Ohio Players -leur cinquième album en cinq ans- est clairement un disque collaboratif. On y retrouve tout un tas de copains du duo, de Leon Michels à la légende Booker T. Jones en passant par Greg Cartwright (Reigning Sound) mais, plus surprenant encore, Noel Gallagher, Dan The Automator ou les rappeurs Juici J et Lil Noid. Dit comme ça, ça fait un peu peur, car on se demanderait presque si, à défaut de trouver l’inspiration, le duo ne se fait pas épauler pour éviter le syndrome de la page blanche. Mais les Black Keys en 2024, c’est un peu ça, un groupe qui s’épanouit le plus, et n’est jamais aussi bon que lorsqu’il travaille avec d’autres. On se souvient notamment des collaborations avec Danger Mouse, qui avaient, à l’époque, apporté de la fraicheur à son blues/rock. Il réitère aujourd’hui l’expérience en composant une grande partie avec Beck, musicien touche-à-tout bouillonnant de créativité. En donnant à son nouveau disque le nom d’une mythique formation de funk (originaire, comme eux, de l’Ohio), le duo nous avait pourtant prévenu: au placard le blues et ses guitares, et bienvenue au groove ! Ohio Players est avant tout un album pop, qui n’a pas d’autre but que de faire danser. Sur ce point, c’est plutôt réussi. Et même si on peut lui reprocher quelques ficelles un peu faciles, notamment sur les trois premiers titres, aussi imparables que vulgairement taillés pour les radios et les stades, certaines chansons nous rappellent que le duo a jadis flirté non sans classe avec la crème du rap east coast (Blakroc). En témoignent « Candy & Her Friends » et « Paper Crown » sur lesquels Auerbach/Carney s’amusent à éclater les frontières quelque part entre blues, r&b et hip-hop. Peut-être là les morceaux les plus aventureux du disque et, certainement, les plus réussis. En fait, c’est sur la seconde partie de l’album, lorsqu’il s’éloigne de son style de prédilection que le duo se montre le plus convaincant.

Et si, à défaut d’opter pour une voie pop/rock totalement édulcorée, The Black Keys choisissait un avenir fait de collab’ et d’expérimentations de genre ? Pour sûr, c’est là qu’il semble le plus se marrer et clairement, le plaisir est communicatif.

The Black Keys Ohio Players Nonesuch/Easy Eye Sound

Face A

This Is Nowhere
Don’t Let Me Go
Beautiful People (Stay High)
On The Game
Only Love Matters
Candy and Her Friends
I Forgot To Be Your Lover

Face B

Please Me (Till I’m Satisfied)
You’ll Pay
Paper Crown
Live Till I Die
Read Em And Weep
Fever Tree
Every Time You Leave


Album disponible sur Apple MusicBandcampDeezerSpotify & Tidal,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !


Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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