Vanilla Blue « Dark Cities »

Quand d’anciennes gloires retirées des affaires se remettent en couple pour former un quatuor pareil, ça dynamite les tierces, ça dézingue les quintes, ça pulvérise les septièmes, ça explose les neuvièmes, bref, ça déclenche les alarmes du punk rock. Accroche-toi au pinceau, j’enlève l’échelle.

Les petites vieilles du premier rang ne manqueront pas de commenter le nom du groupe. Ça va jacasser, ça va cancaner, ça va glousser. “Vanilla Blue” était le “tube” de Naked Raygun, groupe punk rock emblématique de Chicago des années 80. Ça délimite le terrain. Même si les Stéphanois (ex-Sixpack, ex-Zero Gain, ex-Protex Blue, excusez du peu) s’affichent ostentatoirement, c’est un leurre, une fausse piste. Enfin, à moitié. Disons que leurs influences sont assez proches de celles de Naked Raygun. Et là, côté influences, les Vanilla Blue n’y vont pas de main morte. Ici, on entend de la power pop, là, du mod’s, ailleurs de la pop punk, le tout sur une armature rock’n’roll brasé à la guitare à large empattement et à triple lame d’Olivier Peyron, l’extraordinaire guitariste de Sixpack et Protex Blue entre autres groupuscules révolutionnaires. Le batteur de Sixpack, Max, reprend du service, mais à la basse cette fois, une basse qui propulse la rythmique comme une hélice d’hydroglisseur surfant sur les Everglades. C’est Junior qui a officié dans mille et un autres groupes qui se charge de faire fonctionner la salle des machines alors que Dan, le chanteur, pose une voix pas banale, dans un registre inattendu pour un style estampillé 90’s inspiré par la power pop 70’s et 80’s, le punk mélodique et le rock’n’roll saignant et épicé d’obédience hi-energy. On pourrait parler d’une power pop punk façon Buzzcocks / Undertones rectifiée par les aciéries punk rock de Chicago et Boston. Pour visualiser le concept, je concède qu’il faut être titulaire d’un master 2 en bruits défendus, alors qu’en vérité, tu poses une oreille sur ce disque et tu t’aperçois vite qu’il y a quelques perles parmi les onze morceaux de l’album, dont quelques-unes au profil idéal pour les programmateurs radio, le format, la couleur, la mélodie accrocheuse. En même temps, quand tu sais ce qu’ont déjà commis ces mecs par le passé, de leur part, ça n’a rien d’étonnant. Le talent, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas.

Vanilla Blue Dark Cities Nineteen Something/Dangerhouse Skylab

TRACKLIST :

Face A

Dance With Me
Writing A Song
Boring Nights, Endless Days
Call My Name
Come Lover

Face B

For Those We Left Behind
Your Prize Idiot
Dark Cities
An Easy Game To Play
Harry
The Pain Is Over


Album disponible sur Bandcamp, Qobuz & Spotify,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !


Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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