S’il y a un groupe qu’on ne s’attendait pas à voir tourner en Europe en 2019, c’est bien Built To Spill. Et s’ils n’ont pas sorti de nouvel album depuis le très bon Untethered Moon (2015, Warner Bros), ce sera pour eux l’occasion de jouer l’intégralité de leur classique Keep It Like A Secret sorti en 1999, il y a donc 20 ans déjà…
La salle du Ninkasi est bien vide lorsque Disco Doom entame la première partie de la soirée, pourtant celle-ci se remplit rapidement au fur et à mesure du set des Suisses. Si le nom du quatuor augure le pire, force est de constater que le groupe n’a heureusement pas choisi de jouer dans cette catégorie. Ni Doom ni Disco donc, et certainement pas un mélange hasardeux des deux, mais plutôt de l’Indie Rock Noisy qui lorgne très sérieusement vers Sonic Youth (le chant mixte, les guitares dissonantes et expérimentations bruitistes) ou parfois vers la nonchalance bruyante de Dinosaur Jr., 1999 n’est donc jamais bien loin… Built To Spill prend finalement place et dès le premier morceau, « The Plan », rappelle au public qu’il n’est pas un des meilleurs groupes d’Indie Rock pour rien. Doug Martsch, le leader et seul véritable membre constant de la formation, impose directement son charisme. Avec sa grosse barbe, son crâne dégarni et son t-shirt de Daniel Johnston, il n’a pas forcément l’apparence d’un frontman habité et pourtant c’est sa présence et son jeu si particulier qui ont fait du groupe une influence cruciale sur toute la scène rock des années 90’s/00’s. Méticuleux à l’extrême, il passera le set entier à triturer ses pédales (au point de les avoir toujours à portée de main, installées sur un ampli à ses côtés) pour faire chanter sa guitare à sa manière si caractéristique. Les morceaux s’enchainent avec bonheur comme sur le disque et on est avant tout frappés par la beauté du son et la facilité avec laquelle Martsch chante de sa voix si douce et claire. Presque mutique entre les chansons, il ne s’autorisera que quelques « Thank you » timides, préférant se concentrer sur sa musique.
L’album terminé, le groupe sort avant de revenir pour un rappel exigé par le public, poli mais peu rassasié. S’en suivent alors quelques vieux morceaux, issus notamment du tout aussi classique « Perfect From Now On », dont l’incroyable et attendu « I Would Hurt A Fly » en point d’orgue de cette soirée. Finalement, Doug Martsch salue l’audience, empoche son téléphone et ses écouteurs, enfile son sac à dos et repart dans sa bulle, apparemment satisfait de son concert. Et nous aussi, évidemment.
Built to Spill et Disco Doom
Salles : Ninkasi à Lyon
Production : La SAS Concerts/ Live Nation
Photos: Anthony Leite ©
Critique et écoute intégrale de Untethered Moon (2015, Warner Bros)
Euuuhhh, c’est pas un ampli , c’est un fly- case… mais merci de nous faire profiter à distance de Built to spill. pas revu depuis leur dernier passage magique à Angoulême .