Charles Bradley « Changes »

Changes
Charles Bradley est citoyen américain, ni plus, ni moins. Que son troisième album parle de politique, évoque la condition des Noirs, traite de relations humaines, de respect, d’amour, de religion, de bondieuseries, ça n’a rien d’étonnant vu son histoire. Certains passent bien leur temps à faire l’apologie du sempiternel “bites, couilles, poils” en trois accords ! Je fais preuve d’indulgence envers Charles, d’autant que je suis fan à 3000%…
Il pourrait voter Donald Trump que…

A la Daptone, on avait intronisé Sharon Jones réincarnation de James Brown avant que n’arrive Charles Bradley.
Avec Changes, il semble avoir accompli une retraite dans quelque église tant ses nouveaux morceaux sont toujours plus spirituels. Si ce n’est “God Bless America” en ouverture comme un discours politique de début de messe. Un morceau qui, pour nous, laïcs comme cochons que nous sommes, laisse planer des doutes sur ses orientations. Mais dans un pays où le Président jure sur la bible lors de son investiture, ça n’a rien de surprenant.
Après cette ouverture solennelle, Charles Bradley déroule son extraordinaire voix, toute en puissance. A l’approche des 70 piges, avec des morceaux posés, il pourrait moins forcer, se relâcher et tartiner. Pas question. Les chansons viennent de loin, du fond de l’âme et du cœur (sortez les violons, résonnez musette). C’est toujours aussi impressionnant, aussi émouvant. Il est sincère, authentique, cash !

Blondin (Clint Eastwood dans Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone, 1966) disait que le monde se divisait en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. La citation s’applique parfaitement à Bradley : le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont une voix et ceux qui gazouillent sous la douche, toi, tu vas te laver !
Changes est implacable, une réussite absolue. A chaque nouvel album, la réputation du grand Charles Bradley croît. Cette fois, il va tutoyer les étoiles aux côtés de sista Sharon Jones, deux de mes artistes soul préférés au monde de ces dix dernières années. Va les taquiner sur le terrain vocal ces deux-là pour voir…
Si l’album est monumental, la chanson “Changes” sera le slow de l’été. L’est dingue de lâcher un missile pareil, il explose les scores, il atomise le mercure, il fout les compte-tours dans le rouge, le chambard dans le calbar, le string en lance-pierre, les nichons en montgolfière, les coucouilles en portefeuille… D’autant qu’il enchaine avec une “Ain’t It A Sin” thermonucléaire ! Onze titres à cette température, tu en ressors le cul grillé et l’entrecuisse comme un eggs & bacon !
James Brown n’est plus, vive Charles Bradley !

Charles Bradley Changes Dunham/Daptone Records
Site web de Charles Bradley de Daptone et de Dunham.

TRACKLIST

God Bless America
Good To Be Back Home
Nobody But You
Ain’t Gonna Give It Up
Changes
Ain’t It a Sin
Things We Do For Love
Crazy For Your Love
You Think I Don’t Know (But I Know)
Change For The World
Slow Love





Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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