Foo Fighters. Un groupe né de l’esprit d’un seul homme, Dave Grohl, jusqu’alors connu comme le (sixième) batteur de Nirvana. Quasi 30 ans plus tard, les Foo sont probablement devenus l’un des plus grands groupes de rock américain. Mais leur discographie n’a cessé de décevoir ces dernières années, jusqu’à aujourd’hui, jour de sortie de leur onzième album studio.
Difficile d’aborder ce nouvel LP sans évoquer les épreuves que Grohl et son groupe ont traversé. D’abord le décès brutal de son batteur Taylor Hawkins, quelques heures avant un concert en Amérique du Sud l’an passé, puis, quelques mois plus tard, celui de la mère de Grohl, Virginia. Les textes du disque sont d’ailleurs clairement empreints de mélancolie, et l’on comprend rapidement les thèmes abordés. « Rescued », premier single qui ouvre le disque, pas vraiment original mais particulièrement efficace, aborde le fait de se relever après avoir vécu un drame ; « Under You » est directement adressé à l’ancien comparse de Grohl, et, malgré le potentiel tubesque de ce titre power-pop, le chanteur s’y montre particulièrement touchant. Il évoque son incapacité à surmonter la perte de son ami. « Hearing Voices », du même acabit, réitère la recette adoptée par les Foo depuis de nombreuses années (et avant eux par Hüsker Dü, Pixies, Nirvana, on en passe et des meilleurs…) du couplet calme/refrain vénère, le tout, avec un sens de la mélodie parfaitement maîtrisée. Depuis une dizaine d’années, on avait franchement perdu espoir. On ne sentait plus le groupe capable d’écrire de bonnes chansons, les albums avaient tous l’air d’être composés de faces B et à chaque fois, le constat était le même : bien, mais sans plus. Musicalement, But Here We Are est un retour aux sources, entre l’agressivité de The Colour And The Shape (1997) et sa capacité à offrir des refrains entêtants (même en hurlant) et la machine à tubes pop qu’il est devenu avec son disque suivant, There Is Nothing Left To Lose (1999), « Nothing At All » en est d’ailleurs le parfait exemple. Même si tout n’est pas parfait sur ce nouvel LP (« The Glass », charmant, mais justement un peu trop facile ou « Beyond Me » bourré de clichés de la chanson rock taillée pour les stades), Grohl & Co. se permettent d’explorer de nouveaux horizons, notamment sur « Show Me How » qui flirte avec le shoegaze. Plus loin, ils livrent leur titre le plus long (dix minutes !) où rien n’est à jeter avec le sombre « The Teacher » et son texte très explicite : « You showed me how to grieve, never showed me how to say goodbye ». L’album se conclut sur la franchement poignante « Rest », qui débute comme une folk song fragile à la limite du lo-fi, vite rejoint par de belles notes de guitare avant une explosion électrique et un « Rest, You can rest now », hurlé à répétition par Grohl, ‘tention, c’est le moment de sortir les mouchoirs.
Difficile à croire qu’il aura fallu aux Foo Fighters et à son leader de connaître un drame pour enfin se remettre à composer un album de qualité. But Here We Are est le témoignage brutal, honnête et particulièrement émouvant de l’une des périodes les plus sombres des Foo Fighters. Mais c’est également le premier album d’une nouvelle ère pour le groupe, et un disque franchement réussi
Foo Fighters But Here We Are RCA/Roswell
Face A
Rescued
Under You
Hearing Voices
But Here We Are
The Glass
Nothing At All
Face B
Show Me How
Beyond Me
The Teacher
Rest
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