Avec à peine trois albums et une poignée de singles, Kevin Morby, songwriter texan de 28 ans, s’est imposé comme le nouveau génie de la Folk nord américaine. Son dernier album, Singing Saw, est un nouveau sans faute qui regorge de merveilles, un disque qui assure au chanteur un avenir prometteur. Retour sur l’une de ses dates française, près de Lyon, à l’Épicerie Moderne.
La première partie vient tout juste de terminer lorsque nous pénétrons dans la salle lyonnaise. Honte sur nous, ou plutôt, sur l’excellente bière servie au bar! Meg Baird, jeune Californienne membre des groupes Espers et Heron Oblivion, a livré, d’après les dires, un élégant et sobre set d’une Folk minimaliste. Le label Drag City ne s’y est pas trompé et l’a signée dès son premier album solo en 2007.
Le silence s’empare de la salle lorsque Kevin et ses potes s’emparent de la scène de l’Épicerie Moderne, à 22h00 pétantes. Un silence qui sera le maitre mot de la soirée et qui régnera dès lors que le groupe accordera ses instruments entre les titres.
Le set débute et dès les premières notes on sait que l’on va assister à un très grand concert. Le son et l’acoustique de la salle, souvent d’une qualité irréprochable est ce soir EXCEPTIONNEL. Les tubes s’enchainent (« Cut Me Down », « Dorothy » du récent Singing Saw puis « Harlem River » et « All of My Life » de ses deux précédents disques) avec une facilité et une classe déconcertantes. Kevin parle peu au public, mais au vu de sa prestation, on ne lui en veut pas. Il évoque son dernier passage à Lyon (au Marché Gare), un concert visiblement très « chaud », qui aura marqué le songwriter. Plus tard, il mentionnera brièvement l’élection dans son pays natal d’un parfait idiot à la tête de l’état, l’audience ne sait que répondre face à ce triste événement.
Mais l’Américain, ancien membre de Woods ou du duo The Babies, n’est pas le seul « petit génie » ce soir, puisque le Californien d’adoption sait s’entourer. Sa guitariste (Meg Duffy aka Hand Habits), qui ne brille cependant pas par son charisme scénique enchaine brillamment quelques soli, effectuant de temps à autres quelques chœurs à la perfection. La section rythmique (le bassiste Cyrus Gengras et le batteur Nick Kinsey, aperçu au coté d’Elvis Perkins) n’est pas en reste, elle sait se montrer toute en retenue sur les ballades (« Miles, Miles, Miles », « Black Flowers » ou « Destroyer ») et plus nerveuse et énergique sur les titres Pop (comme le tubesque « I Had Been to the Mountain »), tout en restant toujours extrêmement précise et carrée. Certains titres sont en grande partie retaillés pour la scène et gagnent en tension et classe, tout en étant rallongés.
Batteur et bassiste se retirent pour laisser Meg et Kevin sur l’émouvant « Beautiful Strangers« , chanson composée en hommage aux victimes des récents attentats à Paris et à Orlando. Le songwriter enchainera ensuite une belle reprise de Townes Van Zandt (« No Place to Fall ») ainsi qu’un « Passing Through » du regretté Leonard Cohen, disparu quelques jours plus tôt.
Morby se retire quelques minutes avant de réinvestir la scène, accompagné par son groupe pour un rappel. S’en suivra deux chansons extraites de l’album Still Life (2014, Woodsist), « Parade » et « The Ballad of Arlo Jones », deux titres qui clôtureront une setlist parfaite de bout en bout, le genre de concert -d’une élégance rare- qu’on voit peu dans une vie.
Setlist:
Cut Me Down
Dorothy
Harlem River
All of my Life
Destroyer
I Had Been to the Mountain
Tiny Fires
Miles, Miles, Miles
Singing Saw
Black Flowers
Beautiful Strangers
No Place to Fall (reprise de Town Van Zandt)
Passing Through (reprise de Leonard Cohen)
Rappel
Parade
The Ballad of Arlo Jones
Salle: L’Épicerie Moderne à Feyzin.
Photographies: Marion Bornaz ©
Sérigraphie: Henri-Pierre Trocherie ©
Vidéo: Vincent L. (MNTNS) ©
Kevin Morby et son groupe en live chez KEXP à Seattle, Washington.
…et au Pitchfork Music Festival.
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