The National « Laugh Track »

the national first two pages of frankenstein 2023 laugh track 4ad beggars france groupe bryce aaron dessner bryan scott devendorf matt berninger mina tindle kyle resnick ben lanz critique review chronique bon iver roseanne cash phoebe bridgers stéphane pinguet

Quelques mois à peine après avoir dévoilé The First Two Pages Of Frankenstein, l’album de la renaissance pour The National, c’est le tour d’un nouvel LP inattendu, un disque surprise paru dans la nuit de dimanche à lundi,​ qui prouve combien le groupe a bel et bien retrouvé l’alchimie d’antan. Le brouillard semble définitivement loin derrière eux.

Désormais, complètement indépendant dans sa manière de travailler, le groupe a profité d’un regain d’inspiration et d’une alchimie retrouvée que l’on avait pas perçues chez eux depuis bien longtemps, pour finaliser ces nouvelles compositions. Car, s’il n’a eu de cesse de composer de bonnes chansons au fil des années, on savait que des tensions existaient au sein du groupe, notamment entre la fratrie Dessner et Matt Berninger. Elles semblent désormais mises de côté, permettant aux cinq musiciens de se concentrer sur l’essentiel: la musique. Malgré une renommée grandissante, beaucoup de fans de la première heure on quitté la navire National il y a bien longtemps, trouvant la formation soporifique et incapable de se renouveler. Laugh Track sera peut-être pour eux l’occasion de réviser leur jugement. Plus nerveux et mordant que son prédécesseur, le disque est à la fois le compagnon de route et l’exact opposé de The First Two Pages Of Frankenstein. Clairement délaissé au profit de percussions électroniques, la batterie de Bryan Devendorf fait son retour, permettant au musicien d’occuper une place importante sur ce disque. The National propose avec cette douzaine de titres toute l’étendue d’un savoir-faire acquis durant plus de vingt ans, celui-là même qui lassera les détracteurs du groupe dès les premières notes. On retrouve ça et là quelques réminiscences de leurs précédents disques. L’efficacité d’High Violet pour « Deep End (Paul’s In Pieces) » et « Turn Off The House », sur lequel il signait de belles pop-songs sur une rythmique martiale ; Sleep Well Beast pour « Weird Goodbyes », avec son beat électronique et son refrain entêtant et « Dreaming », qui ramène à la facilité d’un Trouble Will Find Me. Hormis sur le très beau « Hornets », c’est lorsque Matt Berninger est en bonne compagnie que le groupe signe ses plus belles chansons, en témoigne le lumineux « Laugh Track », sublime nouvelle collaboration avec Phoebe Bridgers ou sur le déchirant « Crumble » en duo avec Roseanne Cash. Mais ce n’est évidemment pas la nostalgie qui nous séduit le plus dans ce dixième album studio, mais bien ce parfum de liberté fraichement retrouvée. Aussi, il est impossible de ne pas mentionner deux titres qui sortent littéralement du lot: « Space Invader » et « Smoke Detector ». Les deux morceaux, qui dépassent largement les six minutes, donnent un aperçu de cinq musiciens en pleine osmose. Le premier démarre de façon plutôt classique et sombre avec son outro dans un post-punk tendu. Le second, enregistré lors d’un soundcheck en concert, laisse peu de place au doute quant à l’atmosphère du titre. L’ambiance sombre est appuyée par des textes qui relèvent plus du spoken-word que du chant. La tension monte de minute en minute et la section rythmique comme les guitares des frères Dessner oppresse l’auditeur, tandis que Berninger semble à deux doigts d’exploser. Tout simplement magistral. Le chanteur baryton sonde une fois de plus l’âme humaine sur des thèmes abordant l’anxiété, la dépression ou la complexité des relations sociales, qu’elles soient amicales ou amoureuses. On n’est donc clairement pas là pour se marrer, ce qui n’est pas bien surprenant chez eux.

Composé pendant The First Two Pages Of Frankenstein, mais enregistré en pleine tournée, l’album reflète parfaitement la spontanéité dont le groupe a toujours fait preuve sur scène, capable d’osciller entre grands moments d’émotion sur de belles envolées électriques parfaitement maitrisées avant de sombrer la minute suivante dans des titres cathartiques sur le fil du rasoir. The National, c’est un peu tout ça à la fois, l’ombre et la lumière, merveilleusement résumé le temps d’un disque dense, dont seul le titre fera sourire: Laugh Track.

The National Laugh Track 4AD/Beggars

Face A

Alphabet City
Deep End (Paul’s In Pieces)
Weird Goodbyes (feat. Bon Iver)

Face B

Turn Off The House
Dreaming
Laugh Track (feat. Phoebe Bridgers)

Face C

Space Invader
Hornets
Coat On A Hook

Face D

Tour Manager
Crumble (feat. Rosanne Cash)
Smoke Detector


Album disponible sur Apple MusicBandcampDeezerSpotify & Tidal,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !




Critique de l’album The First Two Pages Of Frankenstein (2023, 4AD)

the national first two pages of frankenstein 4ad beggars group france new york ohio critique review chronique stéphane pinguet album lp disque record records indie rock pop indé indépendant independant band groupe folk taylor swift phoebe bridgers sufjan stevens mina tintel kyle resnick london orchestra aaron dessner bryce matt berninger scott bryan devendorf


Critique et écoute des albums
Trouble Will Find Me, Sleep Well Beast & I Am Easy to Find
(2013, 2017, 2019, 4AD)

critique review écoute the national matt berninger bryce dessner aaron dessner brian devendorf 4ad wagram music indie pop rock ohio new-york 2013 trouble will find me critique review chronique the national sleep well beast 2017 4ad beggars banquet beggars music group system only dreams in total darkness berninger dessner devendorf wagram indie rock the national mike mills matt berninger lisa hannigan mina tindle pauline de lassus kate stables gail ann dorsey eve gwen sharon van etten aaron dessner bryce bryan devendorf scott i am easy to find 2019 album critique review record disque indie rock pop brooklyn youth chorus chronique

Compte rendu du concert de The National à Paris, Salle Pleyel en 2022 (Olympia Production)

ryan resnick ben lanz scott devendorf bryan aaron bryce dessner matt berninger 2022 the national salle pleyel olympia production live nation concert live gig compte-rendu live report patrick seville graham macindoe light years

Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.