PJ Harvey aux Nuits de Fourvière

PJ Harvey. Polly Jean pour les intimes. D’emblée, un nom qui force le respect. Depuis ses débuts en 1992 avec Dry (Too Pure), la musicienne/compositrice fascine. Par la qualité de ses chansons bien sûr, mais aussi par son assurance et son charisme avec lesquels elles les interprète. Trente ans d’une carrière sans faux et un an après la sortie de I Inside The Old Year Dying (2023, Partisan), elle continue de nous combler. Elle était cette semaine au théâtre antique de Fourvière, un lieu parfaitement adapté à son univers. Récit.

Ne jamais regarder derrière elle pourrait être le leitmotiv de Polly Jean lorsqu’elle aborde la composition d’un nouveau disque. Clairement pas du genre à jouer ses anciens disques en intégralité en concert, elle monte sur scène pour offrir avant tout l’artiste qu’elle est aujourd’hui. Accompagnée d’une formation composée de fidèles acolytes, la musicienne arrive sur la scène du théâtre lyonnais tel un ange, tout de blanc vêtu. Chaque mot, chaque syllabe est savamment posé, chaque pas et chaque geste comme dans un spectacle de danse, sont calculés, réfléchis. Presque théâtral, on assiste à une véritable représentation artistique au sens le plus noble du terme. Fascinante et captivante, PJ est habitée par ses chansons. Aucune fausse note à signaler, tout est parfaitement maîtrisé, magistral. La musicienne n’est bien évidemment pas seule sur scène, et peu compter sur un « backing band » deluxe –James Johnston (Gallon Drunk), Giovanny Ferrario (Micevice), Jean-Marc Butty ainsi que le fidèle musicien/producteur John Parish– dont les membres s’échangeront les instruments au fil du set. Il en sera de même pour toute cette « première partie » de concert, consacré à I Inside The Old Year Dying, à mille lieux d’un début de carrière électrique. Un semblant d’interlude (la chanson « The Colour of the Earth » interprété par le groupe seul), un changement de robe plus tard, et une seconde Polly Jean débarque sur scène. Plus spontanée mais tout aussi maîtrisé, c’est cette fois la rockeuse quinquagénaire que l’on a devant nous. Hormis quelques extraits récents (de Let England Shake), on est sur un retour aux sources. Du rock ‘n’ roll saupoudré de blues électrique (ou l’inverse), toujours avec une aura quasi habité, elle navigue de part et d’autre de la scène avec une grâce et un charisme fascinants que beaucoup s’arracheraient. D’un « 50ft Queenie » à la frontière du punk/rock au captivant « Dress », en passant par les cultissimes « Down By The Water » et « To Bring You My Love », combo absolument parfait qui conclut un concert qui l’est tout autant.

Pour la première fois, PJ s’adresse au public, nous remerciant chaleureusement de notre présence. Presque 1h30 de set, et il semble qu’il n’y est nul besoin d’en rajouter, « Horses In My Dreams » débarque pour définitivement terminer une prestation bluffante par l’une des grandes prêtresses du rock. La classe, tout simplement.

Setlist
Prayer at the Gate
Autumn Term
Lwonesome Tonight
The Nether-Edge
I Inside the Old Year Dying
A Child’s Question, August
I Inside the Old I Dying
A Child’s Question, July
A Noiseless Noise
The Colour of the Earth
The Glorious Land
The Words That Maketh Murder
50ft Queenie
Black Hearted Love
The Garden
The Desperate Kingdom of Love
Man-Size
Dress
Down by the Water
To Bring You My Love
Rappel
Horses in My Dreams

PJ Harvey
Festival: Les Nuits de Fourvière
Photos de Paul Bourdrel ©


Concert de PJ Harvey à l’Olympia à l’automne 2023

Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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