Tout amateur de Rock ‘n’ Roll se doit de le connaitre. Reverend Beat-Man, est, depuis plus de 30 ans, à la tête d’un des meilleurs label du genre, Voodoo Rhythm Records (King Automatic, Hipbone Slim, King Khan & His Shrines ou les Dead Brothers), mais également auteur, en solo comme en groupe (au sein des Monsters) d’un sacré paquet d’albums. Rencontre avec le Suisse Beat Man Zeller, aka Reverend Beat-Man ou Lightning Beat-Man, un musicien passionné et junkie du vinyle.
Cher Révérend, quand on jette un œil à ta biographie sur Wikipédia, on apprend que tu as commencé à enregistrer ta musique à seulement trente ans. Qu’as tu donc fais durant les trente premières années de ta vie?
Beat-Man: Non c’est FAUX ! Ne fais pas confiance au net haha ! En fait j’ai commencé à enregistrer à treize ans. J’étais un gamin un peu bizarre et mon père m’a offert une guitare. A l’époque il n’y avait ni ordinateurs ni Facebook du coup j’ai commencé à faire de la musique et à l’enregistrer. J’ai sorti plus de 50 disques depuis ’87.
Que s’est-il passé dans ta vie pour que tu te dises : Je veux vivre du Rock ‘n’ Roll ?
A la base je voulais être dessinateur de comics. Mais en ’81 je suis tombé sur un concert de Motörhead et Iron Maiden à la Tv (dans l’émission Musik Laden) et là, j’ai su ce que je voulais faire. Mes parents ont détesté ça, et moi, je prenais mon pied: j’avais une guitare et aucun talent, du coup, j’ai monté un groupe de Punk-Rock. Le passe temps idéal pour un ado !
D’où vient ton « nom de scène » et comment ta « carrière » a commencé?
Mon vrai nom est Beat Man Zeller, j’ai ajouté « Reverend » devant parce que je suis révérend. C’est comme être médecin, mais vu que j’en suis pas un, je suis devenu le Reverend Beat-Man.
J’ai commencé d’une façon assez classique: Partir loin de chez soi, boire beaucoup d’alcool, jouer de la guitare, se bourrer la gueule tous les jours et refuser de faire tous les jours un job « normal ». Pour moi, faire de la musique était la seule solution. J’étais roadie pour un groupe, et je faisais aussi les premières parties. J’ai fait jusqu’à près de 300 concerts en un an. Je jouais pour pas un rond et dormais dans les toilettes. Voilà comment a commencé ma carrière.
Beat Man dans sa boutique de disques à Bern, en Suisse (Photos: Patrick Principe ©)
Tu es aussi à la tête d’un célèbre label (Voodoo Rhythm Records) depuis près de 30 ans. Comment se passe la gestion d’un label Rock ‘n’ Roll comme le tien en 2015?
Je suis un one-man-band au même titre qu’un one-man-label. Je fais tout…tout seul ! Mais je me fais quand même aider par une poignée de personnes (que je ne peux d’ailleurs pas payer décemment). On vit en Suisse et ici, tout est super cher. Nous exportons 90% de nos productions en Europe et dans le monde…Bref, Gabriela gère ma compta’, j’ai également Lysander qui s’occupe des droits des artistes/groupes et aussi environ six autres personnes qui bossent dans mon magasin de disques. Là-bas, un jour de boulot est payé par un disque au choix dans le magasin.
La gestion du label est vraiment dure, et plus particulièrement au niveau de la trésorerie. On ne sort pas de Rock ‘n’ Roll « classique », on fait dans la musique étrange, dans le Rock ‘n’ Roll sale, la musique industrielle, le Garage/Punk, la Cumbia, le Java Jazz etc… On est définitivement trop bizarre pour plaire à un public classique, mais j’peux te dire que gérer ce label est la meilleure chose que j’ai faite de ma vie. On reçoit tant de mails super de la part des gens, qui viennent parfois dans notre boutique ou à nos concerts, et on voit dans leurs yeux qu’on fait quelque chose qui leur ouvre l’esprit.
Chez Voodoo Rhythm on se voit un peu comme une sorte de drogue naturelle pour le cerveau. Nous sommes très fiers de tout ce que nous sortons. Je suis un vrai casse-couille pour tous les groupes qui signent sur le label, mais j’aime penser qu’au niveau de l’écriture et l’enregistrement de leurs titres, je je les pousse vers le haut, jusqu’à leurs limites. Je veux sortir les meilleurs albums au monde. C’est ça, mon but !
Quand tu es sur scène. Tu préfères la formule One-Man-Band ou jouer avec un groupe (comme avec les Monsters par exemple) ?
Les deux sont super. J’aime vraiment les deux. C’est comme de baiser sur une table ou dans un lit. Les deux sont géniaux !
Tu es un vrai amateur de Rock ‘n’ Roll, mais j’imagine que tu t’intéresses aussi à d’autres styles de musique. Que trouves-t-on dans ta discothèque perso’ ?
Ouais bien sur, j’écoute du Hip-Hop, de la musique classique, de l’Electro, du Rock ‘n’ Roll, du Punk, du Trash, de la Soul, du Ska, du Death Metal, du Grind Core, de l’Ambient, de l’Easy Listening, de la musique Arabe ou Africaine etc…Tu sais je suis un vrai fan de musique, et je pense qu’il y a 99% de merdes produites dans tous les styles de nos jours, il suffit juste de trouver le 1% restant qui va te retourner !
D’ailleurs, tu écoutes quoi en ce moment? Et quel est le dernier disque que tu as acheté ?
En ce moment j’écoute Perro Agradecido, un groupe mexicain de Cumbia Psyché’ et le dernier disque que j’ai acheté c’est un album des Rhythm Checkers de chez Groovie Records, un putain de bon groupe français de 1967. Une sorte de 13th Floor Elevator Garage !
Tu m’as l’air de beaucoup voyager. Que fais tu lors d’un day-off dans une ville?
Je n’ai ni day off ni vacances. Mais en principe, je me lève très tôt pour faire les marchés aux puces et les friperies. En fait, je fais la même chose quand je suis chez moi. Je suis un junkie du marché aux puces.
Reverend Beat-Man sera en France pour quelques dates en décembre: le 17 décembre à Clermont-Ferrand (Raymond Bar), le 18 à Paris (pour la « Gonzaï Party » à La Maroquinerie), le 19 à Lyon (Sonic Lyon) et le 20 à Héricourt (Catering Café Music) Ne le ratez sous aucun pretexte !
Découvrez la musique de Perro Agradecido sur Soundcloud par ici, et procurez-vous Wild Raw Eurobeat des Rhythm Checkers chez Groovie Records par ici.
Les albums de Beat-Man sont dispo’ en vinyle sur le site du disquaire Spliff Ministore.
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