Rimel « Transparent »

On n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise. Les énormes Davy Jones Locker, un des fleurons de la flotte « noisy rock » française des années 90, ressuscitent en partie sous pavillon Rimel. En partie seulement, on n’est pas dans le même registre et on ne retrouve que deux musiciens des DJL, mais pour ce qui est de faire du raffut, Rimel coule aussi épais dans le cornet que son illustre prédécesseur.

David Valli a déjà repris l’activité avec le somptueux Foggy Bottom. Il retrouve son vieux complice de David Jones Locker, Thierry Korngold. David à la guitare, Thierry au chant et à la basse, la batterie est tenue par celui qui se fait appeler Le Steck. Ce qu’on sait par expérience, c’est qu’ils arrivent toujours par là où on les attend le moins, et encore, quand on les attend. Déjà, à l’époque de Davy Jones Locker, qui pouvait imaginer un changement de cap après leur chef-d’œuvre de premier album ? Un disque que tout fan des Stooges doit posséder pour son hygiène corporelle et pour cumuler suffisamment de points retraite pour ne pas se retrouver cul nu les vieux jours venus. Avec Rimel, l’intention est de faire du rock à très fort volume. Pas du noise rock, du rock tout bonnement, un peu industriel, un peu froid malgré une batterie qui groove suffisamment pour ne pas succomber aux sonorités gothiques ou dark wave ou un machin du même genre, un rock qui, comme le fait remarquer le label, a quelques accointances avec les Young Gods. Pour dire combien ça flingue à gros tirants, ça mitraille à gros bouillon, ça saigne à blanc. Comment David Valli peut-il avoiner aussi épais avec une seule guitare ? On se le demande, même si on sait depuis plus de trente piges combien le garçon sait faire gronder l’instrument. Transparent dégage une atmosphère, si ce n’est glaciale, pour le moins austère, dans une ambiance de cathédrale à ciel ouvert pour le côté solennel d’une part, et pour la couleur printanière de l’autre, sous forme de giboulées de mars en guise de chansons, ça tombe bien, le disque sort en mars. Entre orages et éclaircies, entre averses et accalmies, entre bourrasques et mélodies, la météo de Transparent est mouvementée, parfois agitée, par moments apaisée, mais toujours passionnée. Transparent, un album lumineux.

Rimel Transparent Slow Death

Transparent
Déraillé
La valve
Électrique
Endorphines
Le jeu m’a lâché
Pas de répit
Aride



Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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