Maigre consolation que de voir le collectif de hip-hop Doomtree enfin traverser l’Atlantique le temps d’une tournée Européenne et un concert unique en France, en première partie de Yelawolf à La Cigale, à Paris.
Commençons par une brève description du collectif, que tout amateur de hip-hop indé se doit de connaître ! Doomtree est une formation originaire de Minneapolis, tout comme les artistes du label Rhymesayers, elle est composée de 5 emcees et de deux beatmakers, chacuns ayant son style bien à lui. Le collectif a sorti son deuxième effort en décembre dernier (No Kings, avant d’entamer une énorme tournée nord-américaine de près de 2 mois. Pour la première fois en tant que collectif, Doomtree décide de se rendre en Europe afin de donner quelques concerts.
C’est donc assez tôt que les portes de La Cigale s’ouvrent, un Dj (pardon, j’ai bouffé son nom !) chauffe la salle et les premiers arrivants et c’est vers 20h30 que le collectif entre en scène. Le public est chaud et particulièrement excité lorsque Paper Tiger et Lazerbeak (nos deux beatmakers) entament l’intro de « No Way », vite rejoints par nos cinq emcees. On pourrait presque croire que les Parisiens se sont déplacés ce soir juste pour eux. Le son de la salle n’est pas terrible, espérons que ça s’arrange au fil du show.
Les morceaux sont rapidement enchainés, le set mélange titres solo ainsi que divers extrait de Doomtree (le premier album éponyme) et No Kings ; « Drumroll » de P.O.S. fait suite au titre d’intro, avec en prime, des chœurs scandés par la fosse toute entière. On passe ensuite sur un morceau de Cecil Otter, plus calme, tout comme son style, posé. Mon connard de voisin n’est visiblement pas très fan du emcee et décide de l’insulter (pas trop fort non plus) en s’allumant un joint (comme à la maison quoi). On revient ensuite sur un morceau tiré d’un album du collectif avec le classieux « Little Mercy », par Dessa (touche féminine du groupe) et Cecil Otter (mon voisin jubile) ; suivi de près par le génial « Bolt Cutter », on voit alors tout l’étendue du talent de nos emcees, qui rappent les uns après les autres sans nous laisser une seconde de répit. On continue avec « Bangarang » et l’on nous incite à scander le titre dudit morceau lors des refrains, et c’est une fosse pleine à craquer qui s’exécute.
Le show touche à sa fin, on a réellement pas vu l’heure tourner, Sims enchaine sur un titre de son excellent Bad Time Zoo intitulé « Burn It Down », puis sur un nouveau morceau très dansant de P.O.S. qu’on ne peut « qu’entendre en live » (« Get Down », extrait de son prochain album We Don’t Even Live Here) d’après le rappeur, vite rejoint par Mike Mictlan. « Team The Best Team » clôture le set, et tout le monde note le nom de ce collectif à ne pas oublier de sitôt.
Nouvelle signature du label Shady Records (label du rappeur blanc le plus célèbre d’Amérique : Eminem), le emcee originaire d’Alabama est très attendu ce soir. Je n’accroche personnellement pas trop au flow du rappeur, que je trouve peu original, et trop proche de son patron de label d’ailleurs. 10 ans plus tôt, j’aurais certainement été conquis, mais là, rien ne me parle. Le rappeur semble tout de même avoir une bonne culture musicale puisqu’il reprend un « Folsom Prison Blues » de Johnny Cash avant d’enchainer sur un bel hommage (peut-être un peu facile) à MCA, mythique membre des Beastie Boys, qui nous a quittés quelques jours plus tôt. Je passe donc mon tour sur Yelawolf et quitte la fosse bien avant la fin du concert pour rejoindre les membres de Doomtree à leur stand de merchandising, histoire de discuter cinq minutes. Les très sympathiques rappeurs nous promettent de revenir en Europe vers la fin de l’année, en tête d’affiche cette fois. Affaire à suivre donc !
Chronique publiée à l’origine sur Concert & Co.
Photos par John Brunner, sa chronique du concert est à découvrir sur Mezzic.
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