Les Lullies « Mauvaise Foi »

Les Lullies nous avaient littéralement scotchés avec un premier album époustouflant. Certes, ils ne font que recycler une recette datant de la préhistoire, mais ils ne sont pas si nombreux que cela à en avoir véritablement conservé le corps et l’esprit. Il y a d’une part, la forme, facile à élaborer avec deux ou trois rudiments et un peu d’huile de coude, et d’autre part, il y a le fond et là, rares sont ceux à faire autant briller le rock’n’roll que Les Lullies. Avec ce prodigieux deuxième album, ce sont soixante-dix ans d’histoire du rock concentrée en dix chansons et une poignée d’accords.

Il existe parfois des épiphénomènes qui ne paient pas de mine à la première écoute et qui s’avèrent finalement essentiels pour la survie de l’espèce. Aura-t-on un jour les instruments pour mesurer l’importance qu’ont eu les Dogs, les DMZ ou les Devil Dogs pour relancer la machine ? Je parle là de rock’n’roll, du vrai, pas de celui emballé dans de la ouate ou du papier sulfurisé pour passer sous les portiques de la bienséance sans déclencher l’alarme. Les Lullies s’inscrivent dans la plus noble des lignées. Aujourd’hui, ils sont certainement l’un des groupes qui représentent le mieux la discipline. Leur nouvel album contient dix titres qui tournent à la vitesse de 45 tours par minute, sous la barre des trois minutes de moyenne, pour dire que les gars ne sont pas là pour faire tapisserie. Depuis le premier album, ils ont quasiment abandonné l’anglais pour adopter leur langue maternelle, le français. Dans de nombreux cas, ce choix est souvent casse-gueule, mais Les Lullies retournent l’obstacle à leur avantage pour donner des chansons encore plus vigoureuses que si elles n’avaient été chantées en anglais. La combinaison du chant en français, de la production et de l’exécution des morceaux renvoie à mille références de la fin des 70’s/début 80’s en commençant par les Dogs.

Mauvaise foi s’inscrit dans la lignée des classiques pondus par les Dogs justement, les Devil Dogs ou DMZ pour rester focus avec l’angle d’approche. Incontestablement, Les Lullies sont un des meilleurs groupes rock du moment et Mauvaise foi est, à mon avis, un chef-d’œuvre, ou, à minima, un des plus grands disques de l’année.

Les Lullies Mauvaise foi Slovenly Records/L’Autre Distribution

Face A

Mauvaise foi
Pas de regrets
Ce que je veux
Soirée standard
Ville musée

Face B

Zéro ambition
Dernier soir
When You Walk in the Room (Jackie D.)
Station service
Animal


Album disponible sur Apple Music, Bandcamp, Deezer & Spotify,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !


Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.