Stéphane Grangier « Tour mort »

Retour en force de Stéphane Grangier qui place sa nouvelle intrigue comme de coutume dans sa Bretagne natale. Cette fois, ses antihéros ne sont vraiment pas des flèches.

Plus ça va, plus on trouve des similitudes entre la littérature de Stéphane Grangier et celle de l’Auvergnat Laurent Mathoux. À travers leurs récits, il transpire un amour immodéré de leur pays. Au-delà des personnages, c’est leur territoire qu’ils s’attachent à dépeindre. Après l’excellent Fioul (Goater Noir, 2018) et son intrigue pétrolière, Stéphane Grangier propose un roman au titre énigmatique, sujet à toutes les interprétations. L’ouvrage bénéficie d’une superbe couverture, une photographie de Marie Lemarchand qui ajoute au mystère. L’histoire de Tour mort est celle de trois pieds nickelés : « un jeune de type maghrébin plutôt réservé, un grand relativement correct dirigeant la manœuvre et une teigne à moitié chauve qui avait tout du psychopathe dangereux », trois énergumènes qui, après avoir merveilleusement loupé un braquage, se retranchent dans une maison cossue afin d’éviter les forces de l’ordre qui se sont vite déployées après l’attaque de la banque. Il se trouve que cette demeure est une Maison de la Poésie qui s’apprête à accueillir une forme de séminaire. Les personnages en charge de la maison et de l’association sont truculents. Entre Éliane la Vieille Truie et Ramon, le poète péruvien résident à demeure, l’atmosphère se situe entre Alphonse Boudard et Georges Lautner. Nos super branquignoles de l’espace n’étant pas à court d’idées, ils ont une solution de repli pour s’enfuir, mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Leur passage à Belle-Île permet de visiter l’ile et surtout, ses superbes côtes qui me donnent personnellement envie de découvrir. Les fuyards se retrouvent dans des situations aussi cocasses qu’improbables. Prenez votre ticket pour un tour mort, mais gare, y’a du rififi chez les Bretons.

Stéphane Grangier Tour mort Goater Noir
(248 p., 17,50€)

Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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