« Blonde » d’Andrew Dominik

En gestation depuis près de quinze ans et controversé avant même sa sortie; Longtemps repoussé puis jugé trop violent ou trop provocateur par les studios, Blonde, l’adaptation du roman de Joyce Carol Oates consacré à l’icône Norma Jeane -plus connue sous le nom de Marilyn Monroe– a finalement pu voir voir le jour grâce à la plateforme de streaming américaine Netflix, le privant ainsi d’une sortie dans les salles obscures. Le cinéaste australien Andrew Dominik en tire une œuvre unique qui ne laissera personne indifférent.

Très fidèle au roman duquel il est adapté, le long-métrage est à mille lieues du biopic traditionnel auquel on a habituellement droit. À l’image de la vie de Monroe, le film alterne entre plans sensuels et images iconiques de l’actrice/mannequin avec des scènes visant à rendre compte de son état mental instable puis de sa descente aux enfers. Alternant entre noir et blanc et couleur, le long-métrage est une vraie réussite esthétique dans lequel la beauté de certaines images font face à des scènes particulièrement violentes: En l’espace de quelques minutes, on passe du beau à de l’insoutenable. Blonde est d’ailleurs le premier film de la célèbre plateforme de streaming a être interdit aux moins de 17 ans, en témoigne la brutalité de certaines scènes.

Ana De Armas, fascinante en Marilyn Monroe. Netflix, 2022 ©

Soutenu par une b.o. (une nouvelle fois) signée Nick Cave & Warren Ellis, qui, en parfaite adéquation avec les images, oscille entre belle partition mélancolique et pièce oppressante. Le réalisateur australien ne recule devant rien, s’autorise absolument tout en choquant le spectateur pour l’entrainer avec lui dans la vie et l’esprit torturée de Marilyn Monroe. D’une enfance passée au côté d’une mère violente et alcoolique à des relations toxiques avec ses partenaires à la vie comme devant les caméras. Mais, malgré la dureté des images ou de séquences insoutenables, on se sent obligé de suivre Monroe jusqu’au bout, dans l’espoir de la voir retrouver la lumière. L’actrice cubaine Ana De Armas y est pour beaucoup. Impressionnante, elle se fond parfaitement dans les traits d’une Monroe au charme et au sex-appeal légendaire tout en rendant parfaitement compte de son état dépressif et de son instabilité tout au long de sa vie. Elle vole littéralement la vedette à l’intégralité du casting qui reste pour autant très convaincant (Julianne Nicholson, Adrian Brody ou Bobby Canavale). Particulièrement noir, le film se concentre en grande partie sur la face cachée de la vie de Norma Jeane imaginée par Joyce Carole Oates.

Durant 166 minutes, Andrew Dominik effraie autant qu’il fascine dans son terrifiant portrait de Marilyn Monroe, un film brutal et violent, parfois difficile à regarder mais souvent brillant. Blonde est une sorte de biopic cauchemardesque tordu aux accents Lynchiens. Le genre de film qui remue encore un long moment après son visionnage.

Blonde
Ecrit et réalisé par Andrew Dominik
D’Après le roman Blonde de Joyce Carol Oates (Stock)
Avec Ana de Armas, Adrien Brody, Bobby Cannavale,
Xavier Samuel & Julianne Nicholson.
Disponible sur Netflix.


Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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