Johnny Casino « Get Some Today! For A Better Tomorrow »

Écouter Johnny Casino, cela se mérite. Seuls les vrais fans de rock australien connaissent l’importance du personnage. Alors, un nouvel album de ce seigneur à six cordes se fête à la hauteur de l’événement.

John A Spittles, alias Johnny Casino, était le guitariste de Asteroid B-612, le secret australien le mieux gardé de l’hémisphère sud. Dans les années 90, on promettait monts et merveilles au groupe de Sydney. Le quatuor était régulièrement cité parmi les grands noms australiens (Easybeats, AC/DC, Midnight Oil, Radio Birdman, Scientists, Beasts of Bourbon, Powder Monkeys, Celibate Rifles, New Christs… liste non exhaustive). Malheureusement, l’éloignement et le manque de relais en Europe et aux USA ne permettaient pas au groupe de se développer à l’international. En revanche, Asteroid B-612 a laissé des disques d’anthologie à la postérité. Après cela, John A Spittles a fait feu de tout bois. Il a notamment participé à ce groupe complètement dingue, un truc inimaginable : The Egos, avec Mad Macka (OnyasCosmic Psychos) et Link (Meanies, Bakelite Age, Sun God Replica) ! Les Egos ont commis un seul album fort heureusement pour l’intégrité physique et psychologique des populations, mais quel disque ! Un truc complètement barge : Fast Swimming (2004, Dropkick Records) qu’il est recommandé d’écouter pour finir de se torcher à grosses giclées de décibels. Dans le genre australian all-star-punk-band, paye ton sulfatage au napalm ! Finalement, John A Spittles est venu s’installer en Espagne, dans un pays hospitalier pour le rock’n’roll, pour poursuivre son irréprochable carrière et la ponctuer de disques merveilleux. Pour autant, le garçon reste rare et précieux. Sa précédente production consistait en un coffret de cinq 45 tours, objet uniquement tiré à deux cents exemplaires. Johnny Casino sait se faire désirer. Et ce nouvel album de déroge pas à la règle.
Publié par un label anglais, Get Some Today! For A Better Tomorrow n’a été pressé qu’à très peu d’exemplaires. Inutile d’en tirer plus, puisque seuls les fétichistes et les mélomanes sont encore attachés au support physique, au vinyle en l’occurrence. Inutile de gâcher la marchandise en fabriquant de la chair à canon, ou, pour le dire de façon plus triviale, du vinyle à pilon. Si vous vous ne magnez pas le troufignon, il ne vous restera que la version numérique d’un disque exemplaire, où, une fois encore, Johnny Casino montre l’étendue de ses talents et de ses inspirations, plus divines et plus nobles les unes que les autres, des Stooges à Radio Birdman en passant par les Dictators jusqu’à parvenir à prendre une enveloppe charnelle de plus en plus ressemblante à celle des Del-Lords, quelque chose entre les Heartbreakers et Springsteen pour situer, avec tout ce que ça comprend de rhythm’n’blues qu’il valorise sans trop s’en réclamer. Il ne se prend pas encore pour le J. Geils Band et ne cherche pas à se rapprocher des Stones non plus, même si, au lointain, on voit poindre le doigt divin lui indiquer le chemin. Surtout, et c’est sûrement le plus important, Johnny Casino préserve son identité australienne dans le jeu, le côté direct, sans fioriture. S’en tenir à l’essentiel semble être sa devise. Son éducation Stooges évidemment, qu’on retrouve incarnée dans « No Direction Home » qui sonne comme une résurrection de « Ring My Bell » de Union Carbide Productions, pour rester dans la descendance stoogienne.

Get Some Today! For a Better Tomorrow s’inscrit dans la grande tradition de Johnny Casino, car c’est bien ainsi qu’il faut aborder l’œuvre d’un des meilleurs guitaristes rock australiens de ces trente dernières années et pour cinquante ans encore.

Johnny Casino Get Some Today For a Better Tomorrow Sioux Records

TRACKLIST:

Face A

Cowboys and Indians
If You Want It
Take Me Down To Your River
You Still Got Nothing To Say
No Direction Home

Face B

I Can’t Be Who You Want Me To Be
Shutdown Breakdown
You Can’t Give It Away
Open Your Arms
Twenty Twenty
I Am Who I Am



Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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