Ceschi Ramos : « Tout juste vivant ! »

Ceschi Photo (TimMannle)
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces dernières années n’ont pas été très facile avec le rappeur de New Haven Ceschi Ramos. Malgré ça, le rappeur est revenu cette année avec un album plutôt optimiste, Broken Bone Ballads, rencontre et explications avec un pilier du Rap D.I.Y. américain.
Comment décrirais-tu ta musique à quelqu’un qui ne l’a jamais écoutée?
C’est un peu difficile à décrire. Je suis un chanteur/compositeur multi-instrumentaliste qui rappe depuis l’enfance. En solo, ma musique sonne comme un mix de Hip-Hop Progressif et d’Indie Pop/Folk animé par un esprit Punk.​
Cinq années séparent Broken Bone Ballads et One Man Band Broke Up, ton précédent disque, que s’est-il passé entre les deux?
En 2010 (l’année de sortie de One Man Band Broke Up), j’ai été arrêté pour une grosse affaire de marijuana. Je suis ensuite entré en jugement pendant plusieurs années pour finir en prison fin 2013. Après avoir été libéré, j’ai passé une année en conditionnelle, durant laquelle j’ai bossé sur ma musique et essayé de recoller les morceaux de ma vie quotidienne. C’est à cause de tout ça que j’ai mis du temps à finir Broken Bone Ballads.
Quelle est l’histoire de Broken Bone Ballads, quel est le thème principal du disque?​
Broken Bone Ballads est une référence direct à ma fracture de l’humérus en 2007 lors d’un bras de fer avec un marine à Hawaii. Le premier titre de l’album (« Choke Parade ») a été écrit et enregistré en 2007. C’est à peu près à ce moment-là que mon ancien groupe, Toca, a discrètement splitté à Los Angeles, et que ma chère grand-mère bien-aimée a passé plusieurs mois à l’hôpital; Puis, plusieurs années avant de décéder en 2010. Tout ces événements m’ont changé la vie. En fait, c’est un album qui traite des changements majeurs et de survie après avoir encaissé des coups durs.
A l’écoute de Broken Bone Ballads, on a l’impression que, malgré toutes les merdes qui te sont tombées dessus ces dernières années, l’album sonne moins sombre que One Man Band Broke Up
Oui. Je pense que dans son ensemble, c’est un album positif et optimiste, tandis que One Man Band Broke Up était profondément pessimiste sur l’industrie de la musique et la vie de musicien.​
​ Ces deux disques ont une vision très différente du futur. J’aime parfois dire que Broken Bone Ballads est en quelque sorte mon album « triomphant ». La phrase « We’re alive, barely alive, but we’re alive » (extrait de « Barely Alive »)  résume plutôt bien le disque.


« Say Something » enregistré dans le cadre des Half Stop Sessions en 2014.

Qu’est-ce qui t’inspire lors de la composition des chansons? ​Ta musique étant un mélange de différents styles musicaux​, est-ce que tu sais dès l’écriture des paroles si le morceau va être une ballade Folk ou un titre rappé avec un beat carrément Hip-Hop?

Les chansons me viennent de façon plutôt aléatoire, et vu que j’écoute beaucoup de styles de musique, elles se présentent toutes différemment. Un titre pourra commencer avec un bout de phrase et finir en Rap de 4 minutes, une chanson Folk d’une minute​, sur une rythmique basique ou encore sur une mélodie que je vais étoffer. Si un producteur m’envoie un gros beat Hip-Hop qui m’inspire, une chanson pourra découler de ça. Certains titres peuvent être directement influencés par des mots; d’autres sont écrits pendant mon sommeil puis enregistrés rapidement dès mon réveil – comme pour « Bite Through Stone » – qui est venu assez différemment de ma technique normale d’écriture.

Ce nouvel album est produit par Factor, un beatmaker qui a sorti plusieurs albums sur Fake Four In. Est-ce que tu peux m’en dire plus sur votre relation?​
Factor est un bon ami, un pote de tournée et de label depuis 2008, lorsque nous avons lancé Fake Four Inc. Son album Chandelier est la deuxième sortie du label. On y trouve d’ailleurs notre première collaboration, un titre qui s’appelle « Pray ». Graham et moi avons des goûts similaires en musique et le fait qu’il bosse sur ce projet est venu naturellement.​
Factor & Ceschi

Graham « Factor » Murawsky et Ceschi Ramos

Ton frère (David Ramos) et toi gérez aussi votre label depuis maintenant un certain nombre d’années. Comment ça se passe?​
C’est très dur. Lancer un label de Hip-Hop expérimental l’année où on l’a fait était vraiment une idée de merde en terme de business, mais au final, le succès financier n’a jamais vraiment été notre but. On a juste voulu avoir notre propre maison pour sortir toute la musique Hip-Hop ou Rock faite par notre famille et nos amis. A ce jour on a un label manager qui nous aide dans notre travail quotidien.
Et oui, on a un paquet de projets à venir en 2016. On a constamment sorti de la musique depuis 2008.​
J’imagine que tu écoutes beaucoup de musique, comment un « label manager » et musicien comme toi consomme sa musique?​
Oui je suis un gros fan de musique. La ville dans laquelle je vis, New Haven, n’a malheureusement plus de disquaire indépendant, et à vrai dire, on essaye en ce moment d’en ouvrir un, mais c’est plutôt long à mettre en place. J’achète pas mal de musique sur le net, ou directement lors des concerts. J’ai essayé Spotify pendant une semaine, et j’ai trouvé ça plutôt fun, mais je ne suis pas un grand fan de l’achat digital ou du streaming. La plupart du temps, je suis plutôt vinyle ou cassette.​

Critique de Broken Bone Ballads
(2015, Fake Four Inc.)
à lire et écouter ci-dessous

Broken Bone Ballads

 

Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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