Crescent « Resin Pockets »

Crescent "Resin Pockets"

Crescent vient de sortir son nouvel album après un silence de 10 ans. Ainsi Resin Pockets fait suite au troublant Little Waves paru en 2007 et se retrouve sur (Geographic) le label d’une des plus fines oreilles d’Écosse, j’ai nommé Stephen « Pastel » McRobbie qui présidera à la reconnaissance du talent singulier de Matt Jones, leader et compositeur en chef du groupe, comme il procède en général avec tant d’autres avec une iconoclastie confondante. Le projet de l’Anglais est un cas à étudier de près malgré la confidentialité dans laquelle il se trouve depuis le mi-temps des années 90.

Le musicien sévit depuis 20 ans sur la scène de Bristol et a composé quatre albums au charme discret mis à part le premier « Now »qui proposait une Noise/Rock piquante comme un rosier sauvage. Crescent est l’astre le plus fascinant en ce qui me concerne dans la galaxie de tout ces groupes Bristoliens : Movietone, Flying Saucer Attack et The Third Eye Foundation qui ont fait de peu de moyen par nécessité au début, une marque de fabrique en tirant les avantages de cet état de fait pour imposer lentement mais sûrement de mini révolutions musicales dans le fond et dans la forme avec l’assurance du bien fondé de leur démarche.
Le songwriter n’a eu cesse de se réinventer depuis ses débuts. Avec les albums Electric Sound Constructives (1997, Snapshot) et By The Roads and the Fields (2003, FatCat) il nous étonna avec ses compositions de Dark Folk fauchées et ses Dub gothiques mélangeant le feu et la glace. En 2007 sort Little Waves (toujours chez FatCat) un album long en bouche au contours flous, aux couleurs impressionnistes et à l’âpreté éplorée. De mémoire de mélomane, on avait pas connu une telle collection de chansons aussi poignantes depuis le premier Palace Brothers. A présent Crescent siège chez moi tout prés de Syd Barrett et Kevin Ayers dans la catégorie des compositeurs à la poésie lunaire et Resin Pockets vient de gagner son billet d’entrée.
En ouverture de ce disque, deux titres « Get Yourself Tidy » et « Impressions » sonnent comme du Pavement patraque, mais avec le sourire aux lèvres. Malgré la sensation de fausseté qu’on éprouve à écouter ces guitares foutraques et ce chant trébuchant on ne peut s’empêcher de succomber à la magie approximative de celles-ci. Sur « I’m Awake » et « Willow Pattern », on songe à nouveau à Palace Music du temps de leurs chansons de peu, mais de tant lorsque on les réécoute. Quand à « Charlstone », elle convoque un Syd Barrett revenu du pays du silence. Ce recueil de chansons est tout simplement attachant. Combien de songwriters courent après une composition du calibre de « Starlings » sans jamais atteindre une telle beauté virginale?
La grande réussite de Resin Pockets tient également au choix de la production tantôt en home studio -qui donne l’impression d’une proximité avec l’Anglais qui semble nous dévoiler à nous seul des rêveries intimes- tantôt dans la nature qui encre ses chansons dans le réel ou l’accident n’est pas exclu. Le chanteur accompagné de son frère aux percussions a invité quelques amis à souffler dans la trompette, la clarinette et le melodica avec une science de la mesure qui est à louer.

Tout ces aspects font de cet album un disque humble et touchant avec les pieds au sol et la tête dans les nuages.

Crescent Resin Pockets Geographic

Side A

Get Yourself Tidy
Impressions
I’m Not Awake
Charlstone

Side B

Willow Patterns
AC30
Light Bulbs In The Trees
Starlings
Roman Roads



Album également dispo’ en écoute sur Spotify.



Ice Cream Man

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