The Dodos « Individ »

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Présent depuis plus d’une décennie sur la scène indie US, le duo californien The Dodos a tranquillement installé en cinq albums une pop originale, énergique et lumineuse, toujours prête à réchauffer nos cœurs maltraités. Lentement mais sûrement, ils ont pris de l’assurance et élargi par petites touches leur périmètre d’action. En toute logique, leur sixième effort est une parfaite démonstration de la force tranquille qui les anime aujourd’hui.

On commence avec une longue plage de 6 minutes malicieusement intitulée « Precipitation » ­ tout le contraire du parcours du groupe, sorte de cavalcade aux intonations très Clap Your Hands Say Yeah!, qui sait où elle va mais n’hésite pas à faire une petite virée noisy en cours de route. Même s’ils restent sur les terrains connus de la pop, entre Midlake et The Spinto Band, ils savent doser les mélanges pour nous sortir des potions musicales toutes nouvelles, en introduisant quelques gouttes électroniques ou garage par ci par là. Chaque chanson est ainsi un ravissement pour les oreilles et une invitation à aller courir sur la plage, les cheveux au vent. « The Tide » et « Bubble » continuent cette course effrénée, qui après avoir démarré en sprint, se transforme en petit trot, pour arriver à un calme « Darkness », repos du sportif bien mérité, où les voix se superposent délicatement et font ressortir toute la douceur de The Dodos, avant qu’ils ne se lancent dans un final à grosses guitares, sur les énervés mais néanmoins très beaux « Bastard » et « Pattern/Shadow », parfaite conclusion à un album volontaire et convaincu. Un opus moins rock que les précédents, mais paradoxalement plus confiant, avec une vraie cohérence d’ensemble et de vraies trouvailles mélodiques, comme sur cet impressionnant « Goodbye and Endings » (leurs titres ne respirent quand même pas trop la joie), avec ses guitares faussement hispaniques et son refrain explosif.

Individ est au final à l’image de son groupe : un album discret qui, sans faire de grand coup d’éclat, sait qu’il gagnera sur la durée en se rendant jour après jour indispensable à nos oreilles et finira dans notre discothèque idéale sans que l’on ne s’en soit rendu compte. Comme dirait l’autre, rien ne sert de courir, il faut partir à point : partis depuis déjà 2005, The Dodos arrivent enfin à destination. C’est ­à­ dire chez nous.

The Dodos Individ Morr Music/Polyvinyl

TRACKLIST:

Side A

Precipitation
The Tide
Bubble
Competition
Darkness

Side B

Goodbyes and Endings
Retriever
Bastard
Pattern/Shadow



Album également dispo’ sur Spotify.



Julia Rivière

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