Gil Scott-Heron « Nothing New »

Nothing New
Comme inscrit sur la pancarte à l’entrée, cet album posthume du poète soul ne propose rien de neuf, si ce ne sont des versions piano voix de vieilles chansons réenregistrées durant les sessions de I’m New Here (XL Recordings, 2010), dernier témoignage avant décès (27 mai 2011).

I’m New Here était légèrement frappé du syndrome American Recordings. Beaucoup d’artistes ont succombé au charme discret de ces enregistrements produits par Rick Rubin pour Johnny Cash. Solomon Burke, Roky Erikson, Leon Russell, Elton John pour n’en citer que quelques-uns. Avec Nothing New, Gil Scott-Heron est dans la même dynamique, piano voix uniquement. En toute sobriété. Le son est si pur qu’à l’écoute, on a l’impression d’être assis à ses côtés. Rick Rubin a usé de cette méthode qui a fait la notoriété de Steve Albini et qui consiste non pas à triturer le son à la table de mixage, mais à avoir la meilleure source possible pour ne rien avoir à retoucher ensuite. Le plus compliqué étant de bien disposer les micros. Le travail de producteur s’arrête là. En l’occurrence, c’est Richard Russell qui s’en est chargé. L’ingénieur du son n’ayant qu’à mettre en pistes les micros et à mixer, ce qui n’est pas forcément simple. On retrouve là des morceaux comme “Pieces of a Man” ou “The Other Side” entrecoupés de petites digressions caractéristiques de Gil Scott-Heron. Une chanson par  album. Le seul regret que j’ai, c’est l’absence de “The Revolution Will Not Be Televised”, son tube de 1971 qui a posé les bases de ce qui deviendra le rap.
A 60 ans, l’âge auquel il a enregistré I’m New Here et Nothing New, la voix de Scott-Heron est intacte. Elle a même mûri, elle est plus ambrée, plus boisée. L’atmosphère jazzy est intimiste, épurée, dans une ambiance d’apaisement comme si toute sa vie n’avait été que tumulte et désordre. Son existence a été bien agitée il est vrai. Le disque publié à l’origine pour le Record Day 2014 bénéficie là d’une commercialisation moins confidentielle avec, en prime, un DVD
comprenant le documentaire Who Is Gil Scott-Heron ? d’Iain Forsyth et Jane Pollard qui ont également réalisé 20,000 Days on Earth (2014), le documentaire sur Nick Cave. Joli pot de départ.

Gil Scott-Heron Nothing New XL Recordings
Site web de Gil Scott-Heron et de XL Recordings

TRACKLIST :

Alien (Hold Onto Your Dreams)
Did Your Hear What They Said
Before I Hit the Bottom
Better Days Ahead
Blue Collar
Changing Yourself  (interlude)
Enoying Yourself
Household Name (interlude)
On Bobby Blue Bland (outro)
The On/Off Switch (interlude)
The Other Side
Pieces of a Man
Your Daddy Loves You
95 South (Of All The Places We’ve Been)


Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.