Je découvre Frédéric Paulin avec ce roman époustouflant ayant pour toile de fond le génocide des Tutsis par les Hutus au Rwanda en 1994 et dont le bilan s’est élevé à 800 000 morts en 100 jours. Vingt ans plus tard, on découvre les corps mutilés de Hutus réfugiés en France. L’heure de la vengeance a sonné.
Les soupçons portent sur un ancien champion de boxe tutsi qui a miraculeusement échappé aux machettes. Un “cancrelat” comme les Hutus surnommaient les Tutsis. Il est également recherché par une ex qui elle aussi a miraculeusement échappé à l’exécution en étant prostituée de force. Tel est le prétexte du roman pour revenir sur les horreurs du génocide avec le parcours des deux héros qui s’en sortent par miracle, un parce qu’il est sportif de haut niveau et qu’il se retrouve sous la protection d’un militaire hutu féru de boxe, l’autre parce qu’elle est jolie et qu’elle est plus utile à épancher les bas instincts que découpée façon puzzle au fond d’une fosse commune à même la rue dans la capitale rwandaise. L’auteur décrit les horreurs du génocide, car tel est bien le sujet du roman, plus que la série de meurtres dans nos vertes campagnes. Il décrit les effroyables rues de Kigali bondées de corps mutilés. Le roman n’est pas nauséeux pour autant. Malgré la description de l’horreur, il reste “léger” grâce à un auteur habile au style remarquable. Il faut s’empresser de découvrir ce roman qui incite à (re)lire l’essentiel Une saison de machettes de Jean Hatzfeld (Seuil, 2003) et plus largement l’œuvre de Frédéric Paulin.
Frédéric Paulin Les cancrelats à coups de machette Goater
(235 pages, 18 €)
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