Atmosphere, Dem Atlas, The Lioness & Dj Keezy à La Bellevilloise de Paris

Atmosphere n’a jamais négligé son public français. Sans pour autant prétendre atteindre plus de reconnaissance dans nos contrées, similaire à celle de son Amérique natale, le duo de Minneapolis s’efforce à chaque album de faire un saut dans la capitale, obligeant sa maigre fanbase provinciale à se bouger sur Paris. Quelques mois après la sortie de son nouvel LP Mi Vida Local, Ant et Slug ont donc investi une Bellevilloise pleine à craquer, accompagnés de quelques invités de marque.

Aperçu avant le concert devant la salle, Sean « Slug » Daley nous avait mis en garde : « Ne rate surtout pas le set de The Lioness, elle attaque à 19h30 pétantes et elle est bien meilleure que nous tous réunis ! » L’apéro se fera donc en vingt minutes montre en main, histoire de ne pas rater la rappeuse. La trentaine à peine entamée, Shaiwna Adams est douée. Aucun doute là dessus. Accompagnée de DJ Keezy derrière son laptop, la jeune emcee afro-américaine fait tout de suite penser à ses principales influences : Lauryn Hill et Queen Latifah. Un Hip-Hop aux accents Soul, parfois proche du Spoken Word. Son set est précis et son flow impressionnant. Elle signe pendant ses trente minutes de prestation un concert remarquable et sincère et dédicace un titre à son frère disparu. Le public est ému, au moins autant que la emcee. Lioness, voilà un nom qu’il faudra tacher de ne pas oublier. Sans aucune pause, Adams quitte la scène sous les applaudissements, tandis que Keezy reste fidèle à poste de beatmaker et annonce l’arrivée de Dem Atlas. Joshua Turner, rejeton d’à peine 26 ans, chez Rhymesayers depuis cinq ans maintenant, a sorti à l’automne dernier l’excellent, Bad Actress, album produit par Anthony « Ant«  Davies. On savait que Turner avait débuté la musique par le Rock, c’est largement confirmé par sa prestation scénique. Le emcee a de l’énergie à revendre et un charisme indiscutable. Il saute partout et hurle dans son micro, passant avec aisance du chant au Rap sans aucune fausse note. « Gratitude », « Bad Loves Company », « Early Train » ou « Music Man », Dem Atlas joue ses meilleurs titres et fout une ambiance de feu dans la salle, qui se remplit de minutes en minutes. Il est rare qu’une première partie allume autant l’assistance, au point qu’on se demande comment la tête d’affiche va pouvoir tenir un niveau aussi haut. Mais c’est sans compter sur les maîtres de cérémonie, Slug & Ant, accompagnés une fois de plus par le DJ Plain Ole Bill Près de vingt ans de carrière, neuf albums studio et plusieurs compil’, c’est ça, Atmosphere. Une faible reconnaissance en France, et donc, forcément, un passage tous les trois/quatre ans, font que le duo du Midwest ne remplit que des clubs dans la capitale. Pas grave, le show n’en sera que meilleur, et l’ambiance, n’en parlons pas… A peine débarqués sur scène sur les percussions de l’excellent « Jerome » (qui ouvre également Mi Vida Local) que la foule est déjà en transe. Slug, sorte de grand ado’ bientôt quinqua’, est vêtu d’un bon vieux baggy et d’un coupe vent à l’effigie de son Rhymesayers (malgré la chaleur). Difficile de calculer la durée du concert tellement on prend son pied sur une setlist qui parcourt près deux décennie de carrière,  du très vieux (« Abusing of the Rib », « Guns and Cigarettes », « God’s Bathroom Floor »), des classiques (« God Loves Ugly », « Shoulda Known », « Trying to Find a Balance », « Onemosphere » ou « Fuck You Lucy ») de la ballades introspectives et de la bonnes vieilles feel-good-song (Yesterday, Virgo et « The Best Day », « Sunshine »), le tout, mêlé à des titres récents (« Stopwatch », « Virgo », « Kanye West », « Drown » et le fameux « Jerome ») entrecoupés de conneries signées Slug et de son « humour pince-sans-rire », d’une impro’ a cappella et de « Puts your hands up« , sagement exécuté par une grande partie de l’audience.  D’ailleurs, l’ambiance est tellement folle qu’elle n’a finalement besoin d’aucun encouragement pour lever les bras en l’air, ou scander ses refrains favoris.

La fin du set arrive (toutes les bonnes choses ont une fin), et si il manque quelques grands classiques à l’appel (notamment « Puppets », et ce n’est pas faute de l’avoir réclamé…) et Slug convoque Lioness et Dem Atlas pour « Drown », avant de retourner une dernière fois une Bellevilloise conquise sur un single emblématique de Seven’s Travels (2003, Rhymesayers/Epitaph) : « Trying to Find a Balance ». Fin du bal, pas de rappel. La suite dans trois ans ?

Atmosphere, Dem Atlas, The Lioness & Dj Keezy
Salles : La Bellevilloise à Paris

Production : Live Nation & La Rafinerie
Photos: Artem Burkov ©



Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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