« The Batman » de Matt Reeves

Une suite ? Non, plutôt une préquelle. À moins que ce soit finalement un reboot vu que que le précédent film était un flop et que le studio a eu un peu de mal à rembourser les millions dépensés en promo’. Au final, on ne sait pas vraiment où se situe le Batman de Matt Reeves, quatorzième incarnation du chevalier noir à l’écran (si mes calculs sont bons…).

Nouveau réalisateur, nouvelle ambiance. Exit le Batman à moitié convaincant d’Affleck et le lien avec Justice League, cette fois, l’homme chauve-souris fait (de nouveau) cavalier seul. Et vu l’éprouvante série de films servis par Warner ces dernières années, ce n’est pas un mal. C’est qu’on en avait presque oublié la géniale trilogie de Christopher Nolan avec ces conneries !
Dès les premières secondes de ce nouveau long-métrage (d’une durée de 2h56!), on comprend tout de suite qu’on ne s’est pas foutu de notre gueule. Alors qu’en lettrage rouge s’affiche THE BATMAN, sur fond d’une partition oppressante de Michael Giacchino, l’ambiance est donnée. Le film sera sombre, violent et intense. Les personnages évoluent la plupart du temps de nuit et sous la pluie, un climat qui n’est pas sans rappeler un certain Seven de David Fincher. Pour continuer avec la comparaison, on se rapproche en réalité plus d’un Zodiac, tant il appartient plus à la catégorie du polar ou du thriller psychologique que du film de super-héros. D’ailleurs, hormis le costume, la cape et les masques, il n’y a absolument rien dans ce Batman qui ressemble à un film de super-héro. Le Bruce Wayne de Robert Pattinson n’a rien du milliardaire extravagant des précédents épisodes et plus l’allure d’un être torturé et instable qui cherche encore sa place dans un Gotham en proie à la violence, à la corruption et au crime ; Son Batman jeune et sauvage a parfois du mal à se contrôler. Le reste du casting est (au moins tout aussi) convaincant et mériterait une dissert’ si l’on voulait parler de tout le monde. En bref Jeffrey Wright en incorruptible flic Jim Gordon, Zoë Kravitz qui offre une Selina Kyle/Catwoman fascinante et complexe, John Turturro en mafieux qui fait froid dans le dos ou encore le Pingouin de Colin Farrell qui tient plus du gangster sorti d’un Scorcese que du vilain de comic book. Et que dire de Paul Dano qui égale tout bonnement la prestation légendaire d’Heath Ledger en Joker, avec un Riddler tout simplement terrifiant. Même les seconds rôles (Peter Sarsgaard en polititien véreux) sont captivants. Côté réalisation, les plans sont beaux mais les personnages et l’histoire, mêlés à la musique (« Something in the Way » de Nirvana semble avoir été écrit pour le film) prennent le pas sur le travail de Matt Reeves, efficace mais très classique.

Bref, malgré sa longueur, cette nouvelle relecture du chevalier noir nous redonne un peu d’espoir dans les films de super-héros. La preuve parfaite qu’avec des idées et un scénario qui tient la route, le genre peut donner autre chose qu’un vulgaire blockbuster sans saveur. Pour la première fois depuis longtemps, on a presque hâte de découvrir la suite…

The Batman réalisé par Matt Reeves
Ecrit par Matt Reeves & Peter Craig,
Avec Robert Pattinson, Zoë Kravitz, Paul Dano, Jeffrey Wright,
Colin Farrell, Andy SerkisJohn Turturro & Peter Sarsgaard
Sortie le 2 mars 2022


Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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