Check-In Party : décollage réussi !

Cet été, deux festivals auront ravi mes oreilles grâce à une programmation pointue mais pas forcément élitiste. Après le Binic Folk Blues Festival -énorme festival de rock & roll gratuit au coeur d’un village breton en bord de mer- je prends la direction de Guéret en Creuse qui sera le centre de mon monde musical de la fin de mes vacances.

Je prends la route donc pour la première édition du Check-in Party qui a lieu sur l’aérodrome de Guéret. Toutes les décos tournent autour de l’aviation sur cette véritable piste par laquelle on atterrit sur le lieu. Trois scènes (spitfire stage, wall of sound stage, air force stage) font penser à de véritables hangars pour avions. La programmation du jeudi 22 aout est produite par la gente féminine : Clara Luciani, Jeanne Added, Julia Jacklin, Le Prince Miaou & Patti Smith. Il parait que la grande dame américaine a bien fait le taf même pour ceux qui n’étaient pas des initiés. 

Isaac Holman & Laurie Vincent (Slaves)

J’arrive le lendemain, vendredi 23, à l’heure de l’apéritif pour voir Slaves qui me ravit sur disque. Je veux voir ce que ça donne sur scène et je ne suis pas déçu. Ce duo anglais en short et torse nu est vraiment brut de décoffrage. Un batteur/chanteur aux antipodes de Phil Collins, s’amuse à cogner debout sur ses deux fûts (un pour la grosse caisse, un autre pour la caisse claire). Le gars est gaulé comme un boxeur des années 50 (a t-il retrouvé son Edith Piaf dans les loges ?) et hurle des phrases hautement philosophiques à reprendre en coeur tel « fuck the hi-hat » (rien à foutre du charley dans la batterie). Son comparse avec un short vert fluo, moult tatouages et cheveux peroxydés est le teigneux qui lacère sa guitare. Ca beugle, ça sue, ça crache, ça me va. Je pars déguster ma nouvelle bière locale de Creuse devant Lysistrata excellent trio de musique Noise. Puis arrive l’Expérience sonique par excellence : La Colonie de Vacances. Quatre groupes (Papier Tigre, Electric Electric, Pneu & Marvin) sur quatre scènes forment un carré au milieu duquel se positionne le public. Là j’assiste à mon premier vrai concert en quadriphonie avec son lot de calme et de tumultes. Les groupes alternent ou jouent à l’unisson de véritables déflagrations qui provoquent une sorte d’ivresse auditive. Notre tête tourne et retourne pour voir qui joue quoi. Le public est dense, danse et slame. Bref du bonheur en barre. Je sors de la quadrature du cercle pour voir la fin de show habité de The Psychotic Monks

Les Belges de It It Anita

On prend un vrai coup de froid et ce n’est pas uniquement dû à la chute de la température extérieure. Ce quatuor de St Ouen hésite entre Cold Wave et musique bruitiste et ce n’est pas pour me déplaire.

 

 Je m’ennuie devant Foals et préfère aller manger une crêpe pour attendre la performance scénique deIt It Anita. Ce quatuor belge a enfin ramener les guitares et le son sec des nineties au coeur des débats. Je n’y peux rien j’avais 18 ans pour les débuts du Grunge donc j’aime ça…

Nikki « Trix » Belfiglio (Bodega)

Le samedi 24 aout, j’arrive un peu plus tôt histoire de ne pas manquer mon groupe fétiche du moment : Bodega. Quintet new-yorkais biberonnés au Velvet Underground, il n’y a pas de doutes ces gens là ont la maximum classe. Un guitariste taiseux, un autre qui chante ou psalmodie, une frontwoman qui joue du hi-hat et danse telle une cheerleader, une bassiste qui ronronne, et une batteuse qui martyrise son instrument réduit à deux fûts, j’adore ! Je zappe Altin Gün (pas ma came) et me pose devant Crack Cloud. C’est le bon choix ! Ce collectif canadien est articulé autour de son jeune batteur/chanteur qui n’a pas pris exemple non plus sur le batteur de Genesis et c’est tant mieux ! Quatre guitares en plus d’un synthé’ et d’une basse et voilà le combo magique pour proposer une sorte d’Art-Punk très jouissif. Je vais me reposer devant Deerhunter que je ne connais pas. Des potes ont l’air ultra fans, je trouve ça bien mais sans plus. Le chanteur (sorte de mix entre Jarvis Cocker vieux et Tilda Swinton) a du charisme certes mais ces chansons me laissent de marbre. Bradford Cox réussit tout de même à me faire marrer quand il prend à partie un fan avec son t-shirt des Residents ou alpague le chanteur des Oh Sees qui teste leur son pendant son concert. J’enchaine justement avec la machine Oh Sees. Très bon concert hurlé avec leur désormais marque de fabrique : la double batterie qui cogne. J’hésite longuement à aller voir Flavien Berger mais je craque et retourne voir La Colonie de Vacances. Je me pose cette fois-ci devant Papier Tigre pour apprécier avec un angle différent. C’est toujours aussi bon et la colonne vertébrale rythmique de Bodega venue voir aussi le show a l’air d’apprécier.

John Dwyer, leader des Oh Sees

Je finis par aller voir Balthazar. La scénographie est épurée avec deux énormes éventails en fond. étonnamment il n’y a pas d’amplis ni de retours sur scène. Le show est millimétré, très pro mais ça manque de sueur, de rigolade, de spontanéité. Je pars me coucher car la fin de la soirée me fait moins envie avec deux trucs électro.

L’atterrissage dans mon lit se passe en douceur après ce très bon festival qui, je l’espère, perdurera à côté des grosses machines à la programmation « fadasse ».

Festival Check-In Party
(jeudi 22, vendredi 23 et samedi 24 août 2019)
à l’aerodrome de Guéret/St. Laurent.

Une co-production Terre du Milieu
Photos par Titouan Massé ©

Flavien Berger

Bradford Cox (Deerhunter)

Le bluffant trio frenchy Lysistrata

Les furieux californiens de Thee Oh Sees

Papier Tigre, quart de La Colonie de Vacances

The Psychotic Monks

Les Canadiens de Crack Cloud


Gael Jonard

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