Chris Cohen « Chris Cohen »

C’est sûr, Chris Cohen n’est pas un perdreau de l’année ! Il a fait ses armes dans divers groupes californiens (The Curtains, Deerhoof), plus connu encore et même reconnu des amateurs d’Indie Rock au début des années 2000 et également d’un projet parallèle plus confidentiel, Natural Dreamers où, déjà, il affichait de sérieux talents de guitariste multi-directionnel au jeu aventureux. Alors, lorsqu’on vit réapparaître son nom en 2012 pour un album solo (Overgrown Path chez Captured Tracks) on fut à moitié surpris, car on savait le garçon capable de proposer ses propres compositions. Mais rien ne nous préparait à un tel ravissement !

Devant nos yeux ébahis, Chris Cohen étalait une poignée de chansons miraculeuses dans leur écrin de Pop de chambre au psychédélisme moelleux. Le Californien chantait du bout des lèvres ses histoires avec une précaution extrême pour ne pas déranger ce fragile édifice. On découvrait alors un musicien aux intentions apaisées et à l’univers musical renouvelé. Après une telle entrée en matière, son deuxième opus se révéla une petite déception. Non que As If Apart (2016, Captured Tracks) fût inintéressant ou mauvais, mais il fallait bien reconnaître qu’il avait des charmes bien moins évidents et des compositions moins bonnes, ou alors peut être l’effet de surprise n’étant plus là, notre appréciation avait elle changée. Enfin, quoi qu’il en soit, on attendait depuis la vraie transformation d’un premier essai remarquable. Alors, pouvoir à nouveau goûter à ces délices de raffinement aujourd’hui, pour qui est tombé en pâmoison à l’époque de son premier album signifie énormément.
Dès les premières notes de « Song They Play », on est rassuré. Cohen nous accueille dans ses lieux avec une voix qui cajole les mots et des guitares et claviers de dentelle. L’alchimie qui présidait sur le premier album est restituée intacte avec toute sa classe discrète. Et que dire du deuxième titre et de son saxo’ impressionniste qui colore la mélodie en pastel ? « Sweet William » nous rappelle s’il le fallait encore que le compositeur est un vrai modeleur de structures et de sons doublé d’un multi-instrumentiste de grand talent et d’originalité. « House of Carpenter » nous plonge dans le Londres enfumé de Syd Barrett en pleine vision lysergique et on se laisse envelopper dans ces volutes exquises. La guitare de « Twice a Lifetime » dessine des contours flous à des paysages inédits, la grande classe ! Plus on se repasse ses chansons et plus le talent de Chris Cohen nous paraît immense. Ce n’est pas « Link » qui nous fera changer d’avis tant tout est parfait dans ce titre. De son piano martelé en ouverture avec juste un maraca en fond puis l’arrivée sinueuse et serpentine du saxo’ free. On referme cette œuvre sur un titre où toutes les teintes musicales reviennent et résument un voyage au pays des songes en forme d’apothéose finale. Les amateurs de la première heure seront comblés, mais également ceux pour qui l’univers de Chris Cohen est étranger, car cette musique a des vertus qui dépassent sa fonction première de divertir. Elle apaise l’âme en remplissant la pièce où on l’écoute dans un halo de sérénité.

On peut l’affirmer maintenant sans peur de se tromper, Chris Cohen est passé du statut d’espoir à confirmer à celui de révélation et peut être même plus…l’avenir nous le dira.

Chris Cohen Chris Cohen Captured Tracks

TRACKLIST :

Side A

Song They Play
Edit Out
Green Eyes
Sweet William
House Carpenter

Side B

Twice In A Lifetime
What Can I Do
The Link
Heavy Weather Sailing
No Time To Say Goodbye



Album également disponible sur Bandcamp, iTunes, Qobuz, Spotify
mais surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !


Ice Cream Man

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