Eels à l’Olympia de Paris

Il en fallait de la motivation pour trainer ses guêtres jusqu’à l’Olympia en ce chaud lundi soir de juillet. Un élan de motivation qui a fini par payer, car un concert de Eels, ça se mérite.

En constante réinvention depuis le début de sa carrière musicale, Mark Olivier Everett et sa bande se présentent ce soir sous la forme d’un simple quatuor. Pas de corde ni de cuivre, simplement une basse, une (voire deux) guitare(s) et une batterie. Le strict minimum pour faire le show et se faire plaisir.  Car il n’y a pas de doute, ce soir, Everett et son groupe prennent au moins autant de plaisir que le public. Tout de jean vêtu, affublé d’une paire de lunettes et d’un chapeau, E se dandine maladroitement en chantant tel l’oncle un peu has-been de la famille, qui met tout le monde mal à l’aise lorsqu’il tente un pas de danse, avant de reprendre sa six cordes sur la quasi totalité du concert. Eels débute son set avec deux belles reprises, l’une des Who (« Out in the Street »), l’autre de Prince (« Raspberry Street ») pas si inattendues que ça lorsqu’on l’on connait l’admiration de E pour ses idoles, avant d’enchainer sur l’un des moments forts de The Deconstruction, son dernier album, « Bone Dry ». La suite sera partagé entre de gros tubes Blues/Rock ‘n’ Roll (« Dog Faced Water », « Prizefighter », « Souljacker part. I »), très Pop (« Flyswatter ») ou de superbes ballades sur lequel Everett et sa voix rapeuse se montrent plus touchants (« Climbing to the Moon », « P.S. You Rock My World », « I’m Going to Stop Pretending That I Didn’t Break Your Heart », sans oublier l’incontournable « Daisies of the Galaxies »). Si Eels aime jouer ses classiques, il aime aussi surprendre son public, sur disque, comme sur scène. On a ainsi droit à un « Novocaine for the Soul » complètement repensé et plus nerveux, un « I Like Birds » carrément Punk/Rock ou l’un de leur plus gros « hit-single » (« Mr. E’s Beautiful Blues ») plus teigneux que d’ordinaire.  Plutôt bavard, le songwriter quinqua‘ n’est pas avare en connerie lorsqu’il s’agit de meubler entre les morceaux, notamment lorsqu’il présentera le groupe qui l’accompagne, citant quelques « little known facts » hilarants sur ses musiciens (Cf. le compte Instagram du groupe). Malgré une vie jonchée d’épreuves particulièrement douloureuses, Everett semble se relever à chaque fois indemne, voire encore plus fort (en témoigne son excellente autobiographie Things the Grandchildren Should Know sorti en 2008 chez Little, Brown). En découle des chansons qui parlent aussi bien de chagrin d’amour, de coup de foudre que de deuil, et qui font toujours énormément de bien.

Après une pause de quatre ans amplement méritée, E et ses potes ont prouvé qu’après tant d’années d’existence, il en avaient encore sous le pied mais, surtout, que le plaisir de jouer sur scène restait encore et toujours, intact.

Setlist

Out in the Street (reprise de The Who)
Raspberry Street (reprise de Prince)
Bone Dry
Flyswatter
Dog Faced Boy
A Magic World
Dirty Girl
Daisies of the Galaxy
Prizefighter
Rusty Pipes
Open My Present
You Are the Shining Light
My Beloved Monster
I’m Going to Stop Pretending That I Didn’t Break Your Heart
Climbing to the Moon
I Like the Way This Is Going
Little Joe!
Today Is the Day
Novocaine for the Soul
Souljacker, Part I
I Like Birds
P.S. You Rock My World

Rappel 1

When You Were Mine (reprise de Prince)

Rappel 2

Mr. E’s Beautiful Blues
Fresh Blood
Love and Mercy / Blinking Lights (For Me) / Wonderful, Glorious

Eels
Salle: L’Olympia
Production: Radical
Photos: Titouan Massé



Critique de The Deconstruction de Eels, sorti au printemps 2018 via Pias France.

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Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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