The Eternal Youth « Nothing is Never Over »

Deuxième album des Caennais dix-huit mois après Me And You Against The World, il s’agit de battre le fer tant qu’il est chaud. Le quatuor navigue toujours dans des eaux power punk 80’s / 90’s teintées d’une new-wave éclaircie à la lumière du jour pour un disque brillant élevé sous l’amer.

Je craignais que les Normands ne se relèvent pas d’un premier disque qui laissait entrevoir de belles ouvertures, mais qui, dans le même temps, butait sur une dure réalité, le style semblait avoir vécu. Soit on le dépoussière en lui insufflant une nouvelle énergie, soit on s’époumone à lui prodiguer une vaine respiration artificielle. Que des vieux tontons comme Dead Pop Club persévèrent, on peut comprendre, ils sont là depuis si longtemps avec une horde de fans indéfectibles qu’ils peuvent se permettre de poursuivre leur carrière sans fléchir et entretenir leur notoriété, mais se lancer dans l’aventure aujourd’hui est un tantinet téméraire. Et c’est là qu’Eternal Youth bluffe tout son monde dans un genre certes éprouvé, mais loin d’être laminé pour peu qu’on sache par quel bout le prendre, encore faut-il être pourvu d’un réel talent d’écriture et de composition. Talent que détient à l’évidence Eternal Youth. Comme s’ils restauraient le style en rénovant les pièces usées et en le lustrant. Le groupe a plusieurs cordes à sa guitare. Un chanteur idéal comme étudié en soufflerie et la faculté à habiller la mélodie d’orchestrations dynamiques et de subtiles arabesques harmoniques suffisamment discrètes pour ne pas paraître ostentatoires, mais suffisamment bien scellées dans les dièses et bien ancrées dans les bémols pour sertir la ritournelle. Pour son premier album, je parlais d’un groupe spectaculaire avec un chanteur boxant dans la même catégorie que l’immense Jay Robbins (Jawbox, Burning Airlines, Channels), avec Nothing Is Ever Over, il va plus loin encore, il incarne la chanson. Comme si tout était bâti autour de sa voix, comme si elle en était la colonne vertébrale avec une instrumentation irriguant la chair et les muscles de sang et de sueur à chaque chanson. Ce nouvel album recèle quelques perles power pop punk qui vont fleurir les cabines de douche et égayer les contests de skate dont la reprise signée d’Adrian Borland de je ne sais pas quelle époque.

Un très beau disque qui pourrait bien rallumer la flamme d’une power pop punk qu’on pensait rangée dans la bibliothèque des souvenirs.

The Eternal Youth Nothing Is Ever Over Kicking Records/TFT/Opposite Prod/Omnivox

TRACKLIST :

Face A

Hornets Attack
Voices From The Underground
Nothing Is Over
Turning The Light Off

Face B

New Pandoras’s Box
Sing Along
I Can’t Escape Mayself
The Worst Road To Take


Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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