Fragile « …About Going Home »

Cela faisait déjà quelques temps que Fragile pointait le bout des guitares.​ ​L’heure du premier album a enfin sonné. Autant vous prévenir, d’instinct, les sujets les plus sensibles aux changements harmoniques et aux variations​ ​mélodiques vont adhérer à …About Going Home.​

Après l’interminable tunnel revival 80’s – tous styles musicaux confondus –, nous​ ​assisterons vraisemblablement à une forme de mutation naturelle qui aboutira à un​ ​revival 90’s et, le moment venu, Fragile comptera parmi les favoris pour incarner la​ ​transition émologique. À l’écoute du solide quintet, on se replonge dans un monde​ ​d’emo acidulé qui allait de Jawbox à Jawbreaker en passant par Jets To Brazil,​ ​Jejune, Joan Of Arc, Juno, Jazz June ou Jimmy Eat World (la contrainte oulipienne,​ ​jusqu’où ça mène je vous jure… – ndr), des groupes qui biberonnaient aux Smiths, à​ ​Cure et à toute cette engeance qui, par bonheur, n’a jamais eu prise ici, foi d’Iggy.​ ​N’étant pas à une contradiction près, si tous ces corbeaux dépressifs britanniques​ ​m’ont copieusement dégueulassé les années 80 – heureusement que d’autres me​ ​les ont embellies (je tiens une liste de noms longue comme le bras à disposition) –,​ ​toute la scène emo pop punk américaine qui s’en réclamait dans les années 90 m’a,​ ​quant à elle, passionné. En France par exemple, quand un groupe comme Sixpack a​ ​muté en Wei-Ji, c’était pour tendre vers cette direction artistique. Ce courant musical​ ​prenait sa source à Washington, tétant au sein du label Dischord et sa ribambelle de​ ​groupes. Dont Jawbox, bien évidemment. Quand le ton monte, Fragile montre une​ ​facette plus énervée, plus « dischordienne » justement, au point de se dire que, si la​ ​subdivision de Nineteen Something ne l’avait pas signé, Dischord s’en serait sûrement chargé tant le profil du groupe angevin correspond exactement à son état d’esprit et à sa couleur artistique. Surtout avec un chanteur à forte culture​ ​« fugazienne ». Ils sont peut-être jeunes, mais pas si fragiles qu’ils en ont l’air, même​ ​si leur style s’appuie justement sur une certaine hypersensibilité qui met en évidence​ ​leur fragilité. Un premier album de caractère, un disque totalement abouti par un​ ​groupe composé de cinq musiciens à peine sortis de l’adolescence et déjà​ ​expérimentés. Garanti, on tient-là la « next big thing ». On vous fiche notre billet que​ ​Fragile ne va pas tarder à illustrer les couvertures de magazines ; avec un nom​ ​pareil, ça ouvre des perspectives…

Fragile …About Going Home Twenty Something

Face A

Messy Hair
Selfless
Winter at The Museum
Anhedonia

Face B

Overview
Murmuration
Laugh / Cry
Model


Album disponible sur BandcampDeezer & Spotify,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !


Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

One Comment

  1. C est exactement ca!!! Des ruptures à la Fugazi ou Dag Nasty 1ere epoque!! On sent l influence de la scène angevine 80/90

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