Fucked Up « Dose your Dreams »

Au vu de l’horrible pochette, on sent que quelque chose a changé. Quatre ans séparent Glass Boys (Matador, 2014) de Dose Your Dreams. Pas quatre ans à rester les pieds dans la même Converse, les Canadiens ont été productifs en singles, mais y’a un truc qui s’est passé.

La pochette pour commencer. Le traditionnel bandeau en haut où sont inscrits le titre de l’album et le nom du groupe était jusque-là toujours blanc. Pour la première fois, il vire au noir. Fucked Up a également changé de label, passant de Matador à Merge. Ça, c’est anecdotique tu me diras. L’album débute par “None of Your Business Man” dans le registre type des Torontois avant de partir dans plusieurs directions, parfois de façon surprenante. Le chanteur vocifère beaucoup moins. Autour, ça orchestre épais en s’alimentant à de nombreuses sources électriques jusqu’à des sonorités psychés voire Prog-Rock par moments. Ça surprend ! Mais attention, moi, quand on m’en fait trop, je correctionne plus, je dynamite, je disperse, je ventile…
Selon le groupe, Dose Your Dreams est un concept album à partir de David de David Comes To Life (Matador, 2011) devenu employé de bureau. Il rencontre Joyce qui lui fait téter des acides pour l’envoyer dans l’hyperespace où, elle l’espère, David
rencontrera son ex petit ami qu’elle envoya lui aussi dans la galaxie psychotrope des années auparavant, voyage dont il n’est jamais revenu. Fucked Up s’éloigne de plus en plus de son inspirateur Hüsker Dü pour se rapprocher des grands soap-operas de la fin des 60’s début 70’s. T’épargnerai-je la comparaison avec Tommy (Decca, 1969) des Who ? Probablement pas même si on n’est absolument pas dans la même dimension encore que si on met Tommy en perspective dans la discographie des Who, on peut dire que Fucked Up a une démarche similaire avec Dose Your Dreams rapport à son répertoire habituel. Comme pour Tommy, Fucked Up a invité quelques sommités au chant (Jay Mascis, Ryan Tong, Mary Margaret Ohara, Jennifer Castle, Miya Folick et Lido Pimienta). Dose Your Dreams est un double album quelque soit le support (LP & CD) de dix-huit titres, un disque pas facile à appréhender dans la mesure où il joue à la marelle avec l’auditeur qui doit l’arpenter à cloche-pied. Pas facile peut-être, sans aller jusqu’à désarçonner non plus, il ne s’aventure jamais dans des sables mouvants d’où on ne pourrait l’extraire. J’ai personnellement mis beaucoup de temps à entrer dans cette aire de jeu et j’ai toujours du mal à me faire une opinion sur ce disque tentaculaire. Je n’ai jamais été particulièrement friand des concepts albums à de rares exceptions près (Tommy entre autres), exercice courant dans les années 70 notamment chez les Britanniques, là, même si je n’arrive pas à me décider, jamais je ne décroche, ce qui prouve que Fucked Up a probablement réussi son coup.

À toi de te faire ta propre idée sur le nouveau Fucked Up qui, après avoir ciblé Hüsker Dü a les Pixies en ligne de mire.

Fucked Up Dose Your Dreams Merge Records/Differ-Ant

TRACKLIST

Side A

None of Your Business Man
Raise Your Voice Joyce
Tell Me What You See
Normal People

Side B

Torch to Light
Talking Pictures
House of Keys
Dose Your Dreams

Side C

Living in a Simulation
I Don’t Wanna Live in This World Anymore
How to Die Happy
Two I’s Closed
The One I Want Will Come for ME

Side D

Mechanical Bull
Accelerate
Came Down Wrong
Love is an Island in the Sea
Joy Stops Time


Album en écoute sur Bandcamp.


Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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