Gasoline « The Orange Album »

Nouveau duo parisien, Gasoline intitule son premier disque The Orange Album. Avec un nom et un titre d’album pareils, Gasoline prête le flanc à la comparaison, voire à la controverse et même à la critique. D’ailleurs, à ce propos, en voilà une de critique.

D’un point de vue stratégique, s’appeler Gasoline, en étant parisien qui plus est, c’est soit super bien joué soit totalement contreproductif, au choix. Ça dépend de quel côté tombe la pièce. Dans les deux cas, ça fait causer, c’est bien là le principal. On pense bien évidemment au fameux Gazoline d’Alain Kan, groupe punk mythique. A priori, il n’y a aucun rapport entre les deux. Et intituler son premier album The Orange fera dresser l’oreille des adorateurs du Jon Spencer Blues Explosion. Là, le lien n’est pas vraiment évident, mais il y a pourtant bien un petit quelque chose. Les deux partagent l’amour du blues et du rock’n’roll en l’absence de basse. Le duo composé du photographe Théo Gosselin à la batterie, également réalisateur des clips du groupe, et Thomas Baignères au chant et à la guitare, réalise un premier album qui va faire son entrée dans le petit monde du rock par la grande porte à coups de bélier. Ça démarre par une “Feel The Love” de narvalo, façon Jim Jones RevueJerry Lee LewisLittle Richard avec le piano en appui logistique derrière la batterie de Théo Gosselin qui se sert des baguettes comme d’un pilon. Quelle brute épaisse ! “Sugar Mama” balance un gros blues poisseux avec une guitare enclume de bûcheron canadien parti à la chasse au scalp de grizzly ascendant yéti. Ça saigne épais. De façon inattendue, Gasoline balance ensuite “Whisky & Sangria” tels des Slickee Boys en bordée. Arrivé là, on se dit qu’il y a de la diversité, de la variété chez Gasoline. On n’est pas au bout de nos surprises. L’intro de “Ballerine City” au piano est de filiation Elton John avant de s’orienter pub rock de soudard irlandais façon Dr Feelgood, Inmates, Eddie & The Hot Rods ou Fixed Up lâchés dans un rade du vieux port à l’happy hour. Une chanson pour chahuter la bouteille. On passe à un registre folk avec “Hey Boy”, un terrain sur lequel Gasoline est moins à son aise. Avec “Standing On Fire”, on bifurque vers un gros rock épais appuyé par cette guitare qui sonne comme la basse turboréacteur de Cosmic Psychos. Changement de cap direction les grands espaces avec “No More Trouble” et les Stones en guise d’Étoile du Berger, une veine que devrait encore plus exploiter le groupe à l’avenir tellement il y est à son aise. La voix de Thomas Baignères sur “A New Pill In Town” renvoie une fois de plus à François Lebas (Fixed Up, Backsliders, Asphalt Tuaregs, François 1ers) comme sur “Ballerine City”. Gasoline devrait plus insister sur ce côté hargneux qui lui sied à merveille. C’est à l’approche de la fin du disque que se planque “Who’s Gonna Stop Me ?” qui va cramer les derniers neurones encore en éveil et qu’on aimerait bien entendre orchestré avec cuivres et piano à la manière du J. Geils Band ou de Barrence Withfield pour foutre le feu aux rideaux avant la vitrification des derniers couchés au napalm avec “Without a Friend”. Voilà un premier album parcouru par le feu sacré du rhythm’n’blues, un disque qui n’a pas fini d’incendier les enceintes.

Gasoline The Orange Album Celebration Days/Modulor

TRACKLIST :

Face A

Feel The Love
Sugar Mama
Whisky & Sangria
Ballerine City
Hey Boy

Face B

Standing On Fire
No More Trouble
A New Pill In Town
Who’s Gonna Stop Me ?
Without a Friend


Album disponible sur Apple Music, Bandcamp, Qobuz & Spotify,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !



Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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