Stuffed Foxes « Songs / Revolving »

Nouvel arrivant dans le monde des guitares baveuses, du son dégoulinant et des effluves psychédéliques, le gang Stuffed Foxes débarque comme un chien dans un jeu de quilles ou, si vous préférez, comme un renard dans un poulailler.

C’est le visuel de la pochette qui m’a tout d’abord interpelé, ce qui est devenu suffisamment rare pour être noté. Pas que les artistes négligent généralement leur apparence, au contraire, ils les travaillent, ils les peaufinent pour se montrer sous leur meilleur jour et être un tant soit peu attractifs, c’est juste qu’il y a un déficit évident de background culturel et un vide sidéral en matière de tendances artistiques depuis un moment. Seriez-vous capables de me citer là, maintenant, sans réfléchir, une pochette de disque qui vous a marqué l’esprit ces dernières années ? La culture du zapping, la surabondance d’informations, on pensait que ça enrichirait les débats, que ça nourrirait l’expression et on s’aperçoit au fil des années que ça a plutôt tendance à ensevelir l’imagination sous une chape de gravats et à brouiller l’inspiration. Forcément, la traduction artistique s’en ressent et s’en trouve appauvrie. Pour preuve, y’a-t-il aujourd’hui un grand courant musical et plus généralement artistique qui prédomine et sert de locomotive à l’expression culturelle ? Alors, pour une fois qu’un groupe débarque avec un visuel façon Winston Smith (Patrick Morey de son vrai nom), préposé aux pochettes des Dead Kennedys et à de nombreux disques sortis chez Alternative Tentacles, j’en suis tombé de la chaise. Le recto de la pochette est signé V. Broskov, inconnu de nos services, et le verso a été emprunté à une vieille carte postale. Tout ça pour dire que les Stuffed Foxes ont chiadé leur visuel et rien que pour ça, ils méritent qu’on se procure leur premier album qui propose sept longues plages de lave chaude sur lesquelles se prélassent et s’entrecroisent le psyché, la noise, le rock, le… Bref, appelez ça comme bon vous semblera, c’est du rock, point barre. Du rock instrumental principalement, ambiance Rock Machine de Norman Spinrad ou la littérature cyberpunk de William Gibson. Sept morceaux au menu du premier album, les mecs ont le sens de la symbolique et avec “Sabotage” en guise d’ouverture, alors là ! Ah, le grand Sabbat Noir ! L’intro de “Oh Lord, It Came To Me” est un hommage inattendu, à moins que ce ne soit qu’une coïncidence, à une scène française des années 90’s. Ça sonne comme un croisement entre Drive Blind et Condense. À l’énoncé de ces deux noms, la côte des Stuffed Foxes flambe chez les bookmakers, à deux doigts d’entrer en bourse ! Comme qui dirait, c’est la poule qui chante qui a fait l’œuf.

Stuffed Foxes Songs / Revolving Yotanka/Reverse Tapes/[PIAS]

TRACKLIST :

Face A

Sabotage
Luke Glanton
No Sound / Drive
Oh Lord, It Came To Me

Face B

First Affront
Track 6
Extended


Album disponible sur Apple Music, Bandcamp, Qobuz & Spotify,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !


Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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