José González « Local Valley »

Prendre le temps. Une épitaphe qui décrirait parfaitement la façon de composer de José González qui, après 18 ans de carrière, vient seulement de sortir son quatrième album sous son propre nom.

En musique, on a tendance à prendre des raccourcis afin de ranger les artistes et groupes dans des petites cases. Au prétexte que José González compose essentiellement sur une guitare acoustique des chansons calmes, sa musique a rapidement été qualifiée d’indie folk. Certes, les chansons du Suédois s’inspirent plus de Nick Drake que de Burzum, et, malgré quelques succès populaires (notamment dans des pubs ou sur des b.o. de films/séries), sa carrière est loin de celle d’une pop star. Mais la musique de José González, qui gagne en complexité avec les années, va finalement bien plus loin que ça.
Il y a les influences bien enfouies -notamment celle du hardcore, style dans lequel González a débuté- et d’autres, bien plus perceptibles, comme la musique latine. Né en Suède de parents argentins (pays que la famille a dû fuir peu avant sa naissance), le songwriter s’inspire de ses origines dans sa façon de jouer de la guitare. Déjà bien présentes sur ses précédents disques, Local Valley voit le compositeur assumer plus que jamais ses origines mais surtout, s’aventurer dans des paysages musicaux inconnus et donner le sentiment d’être pour la première fois, selon ses dires, lui-même. Si, avec le recul, on pouvait reprocher à Vestiges & Claws (2015, Peacefrog/Mute) le manque de prise de risque, Local Valley arrive à point nommé. Car, sans pour autant être d’un grand bouleversement, la musique du Suédois retrouve un second souffle avec notamment le choix -en plus de l’anglais- de ses deux langues maternelles : le suédois (« Tjomme » et la reprise du « En Stud På Jorden » de Laleh) et l’espagnol (« El Invento », « Valle Local ») ; c’est d’ailleurs sur ce dernier que González flirte avec l’Afrique et plus précisément le blues touareg, une inspiration plus évidente encore sur « Head On ». Particulièrement bucolique –avec la nature et les oiseaux en arrière-plan- l’album devient presque dansant lorsque le compositeur s’essaie aux percussions électroniques (« Swing », surprenant à la première écoute).

Il aura fallu près de 20 ans pour que José González sorte enfin de sa zone de confort. Pas sûr que la pandémie y soit pour grand chose, mais une chose est sure : le Suédois a clairement pris le temps de peaufiner ce quatrième LP sur lequel il semble parfaitement à sa place.

José González Local Valley City Slang/Imperial/Mute

TRACKLIST :

Face A

El Invento
Visions
The Void
Horizons
Head On
Valle Local

Face B

Lasso In
Lilla G
Swing
Tjomme
Line Of Fire
En Stund På Jorden
Honey Honey


Album disponible sur Apple Music, Bandcamp, Qobuz, Spotify & Tidal,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !



Critique et écoute de Vestiges & Claws,
sorti en 2015 chez Peacefrog, Mute Records et Imperial Recordings

album folk disque critique review chronique Imperial recordings junip mute peacefrog vestiges & claws josé gonzález 2015
 

Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.