Justin Sullivan aka Night Shop, l’homme de l’ombre de l’Indie Pop

Depuis ses premiers pas dans la musique, le batteur Justin Sullivan a toujours été un homme de l’ombre, de ses débuts dans la scène Punk DIY de la côte Est des États-Unis jusqu’à son exil en Californie. Rencontre avec ce prolifique musicien -proche du musicien Kevin Morby et membre du trio Garage/Punk Flat Worms (signé sur le label de John Dwyer Castle Face)- quelques semaines après la sortie de In the Break, son premier album studio en solo sous le nom de Night Shop.
Justin, on voit régulièrement ton nom sur les pochettes de disques de Kevin Morby, des Babies et, plus récemment, de Flat Worms. Raconte nous ton parcours…

Justin Sullivan: Je suis originaire de Long Island dans l’état de New York. J’ai commencé la batterie vers quinze ans. J’écoutais un tas de trucs quand j’étais gosse, mais quand j’ai découvert le Punk, plus particulièrement des groupes de la région de San Francisco comme Crimpshrine, j’ai réalisé que mes potes et moi étions vraiment capables de faire notre propre musique. Ça a vraiment démystifié le truc, et c’est vite devenu un passe-temps super excitant. A partir de là, j’ai intégré la scène locale et assimilé autant de nouvelles connaissances que possible. Avec le temps, j’ai appris à apprécier différents styles de musique. Encore aujourd’hui, découvrir de nouvelles musiques ou de nouvelles façons d’en faire reste vraiment ce que je préfère.

Pourquoi as-tu attendu si longtemps pour commencer à écrire et chanter tes propres chansons et surtout, quand as-tu su que c’était le bon moment de te lancer en solo?

A vrai dire, j’ai toujours été très actif dans les groupes au sein desquels j’ai joué. La batterie a toujours été pour moi une façon de participer au processus de création sans pour autant être sur le devant de la scène. Plus jeune, j’ai écrit un tas de paroles pour mes groupes, et j’ai même chanté dans certains. Quand j’ai rejoint les Babies avec Kevin (Morby) & Cassie (Ramone) -qui sont tout deux de super compositeurs- ils n’avaient besoin que d’un bon batteur avec un bon feeling ; Et ce fut un vrai bonheur de simplement apprendre d’eux. Lorsque j’ai joué sur les projets solo de Kevin, j’ai énormément appris sur l’écriture et la composition d’une chanson. Du coup, la suite s’est juste fait naturellement, je n’ai pas vu ça comme une grande décision à prendre, c’était simplement la suite logique de tout ça…

Beaucoup d’amis à toi (Jarvis Taveniere de Woods, Will Ivy de Flat Worms, Greta Morgan, Meg « Hand Habits » Duffy ou Anna St. Louis) jouent sur In The Break. Comment l’as-tu enregistré? Est-ce que toutes les sessions étaient planifiées ou est-ce que vous avez juste jammé entre potes?

Toutes les chansons étaient déjà écrites mais je pense vraiment qu’il faut laisser les gens faire ce qui leur vient naturellement pour parfaire une chanson. J’ai la chance d’avoir des amis particulièrement doués avec qui j’ai déjà bossé par le passé, que ce soit dans leurs groupes ou sur leurs projets solo et je pense que de laisser le champ libre aux musiciens crée quelque chose d’inattendu auquel je n’aurais pu aboutir tout seul. J’essaye d’encourager cette façon de faire qui me semble essentielle dans un groupe.

In The Break est sorti sur le label de Kevin Morby (Mare Records via Woodsist), comment l’as-tu rencontré et quand avez vous commencé à faire de la musique ensemble?

J’ai rencontré Kevin en 2008 à Brooklyn. Nous avions un amis en commun, Jamie Ewing, avec qui nous avons jammé, et quand j’ai entendu qu’il jouait avec une autre amie, Cassie, je lui ai simplement demandé de me joindre à eux. C’était la façon de faire à l’époque. Tu te fais des amis, tu montes des groupes et tu vois où ça te mène. Aujourd’hui, je peux dire que c’est clairement l’une des plus importantes « relations musicales » que j’ai jamais connue.

Il y a quelques années, tu as bougé de New York à Los Angeles, quelles ont été les raisons de ce déménagement?

J’avais déjà passé beaucoup de temps à L.A. pour la musique. En 2011, avec les Babies, on a passé quelques mois là-bas pour bosser sur nos morceaux, puis enregistrer Our House on the Hill (2012, Woodsist) un an plus tard. En 2013, j’y suis retourné avec Kevin pour enregistrer son premier album (Harlem River). A ce moment-là, tout se cassait un peu la gueule à New York, et L.A. est vite devenu l’endroit où nous pouvions faire de la musique sans être hanté par les fantômes de nos dix dernières années passés sur la côte Est, dans une ville que nous avions tant aimée mais que nous ne reconnaissions plus.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur les thèmes de l’album et ta façon d’écrire?

J’écris tous les jours, non pas que je sois obligé de le faire mais plutôt parce c’est le seul truc qui me permet de m’évader. Je laisse les idées me venir puis en général j’enregistre un petit truc soit le matin soit tard le soir. La plupart du temps, ça ne donne rien, parfois c’est l’inverse et le plus souvent, ça n’aboutit que quelques mois plus tard. Généralement, le lendemain, dans la soirée, je me prends un café et je jette un œil à ce que j’ai fait le matin même ou la veille, histoire de voir si ça donne quelque chose. Je ne m’assois jamais avec un crayon et un papier, je laisse les textes venir et s’emparer des chansons pendant que je joue. Même quand quelque chose déconne avec un vers en particulier, je préfère rectifier ça en jouant le morceau en boucle. Parfois le côté physique de la musique trouve les mots bien plus facilement que la recherche acharnée d’une prose.

Tu as joué dans des groupes de Punk, de Pop et de Folk, quel genre d’amateur de musique es-tu?

J’écoute n’importe quel style de musique et j’ai toujours beaucoup d’affection pour ce que j’écoutais étant plus jeune, même les trucs que mes potes de tournée trouvent vraiment chelous. Mais j’ai tendance à beaucoup écouter Billie Holiday et Sam Cooke. Pour moi, ces deux artistes ont toujours frôlé la perfection. Je suis toujours heureux de les écouter. Concernant la musique que je joue, je n’ai jamais eu l’impression d’être un prodige de quelque instrument, je les utilise seulement comme des outils d’un moyen d’expression / de raconter des histoires.

J’imagine que tu aimes écouter de la musique, es-tu un consommateur de disques?

J’aime toujours acheter les albums de mes amis en vinyle, ou échanger des disques aux concerts, c’est une bonne manière de faire honneur à leur travail. Mais j’ai tendance à écouter essentiellement de la musique en streaming ces derniers temps. J’envie beaucoup les collections de disques de mes potes, mais je n’ai jamais été très bon pour collectionner des objets. Parfois j’aimerais vraiment y arriver, mais quand tu tournes autant à travers le monde que moi, c’est d’autant plus pratique de t’adapter aux plates-formes de musiques dématérialisées. Et puis j’aime vraiment ces nouvelles façons d’écouter de la musique.

In the Break, le premier album de Justin « Night Shop«  Sullivan,
est sorti en septembre chez Mare Records/Woodsist.
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Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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