« Les sept œuvres de miséricorde »

Le thème du recueil est tordu. Faut être sacrément pervers ascendant vicelard pour imposer une contrainte pareille à des auteurs qui, il est vrai, ne sont pas les derniers pour dégainer la plume devant les tâches les plus ingrates.

Faut reconnaître que les sept préposés aux basses œuvres portent des blases qui résonnent dans le mitan, des qu’ont pas la langue dans leur poche, des qu’aucune morale n’arrête quand il s’agit de déblatérer sur son prochain. Bref, des cadors. Préfacés par Patrick Raynal qui plus est. Un maître du genre. Les sept mercenaires ont imaginé sept péchés capiteux à te glacer les sangs dans un maelström façon Seven version phare ouest (rapport à l’éditeur breton). Le thème a été inspiré par un tableau de Caravage, Les sept œuvres de la miséricorde. Chaque texte extrait le côté sombre d’une œuvre représentée dans le tableau pour mettre en scène un tueur à gages chargé d’exécuter un contrat. Marc Villard “donne à manger aux affamés”, Anne-Claire Dartevel “donne à boire à ceux qui ont soif”, Jean-Bernard Pouy “vêtit ceux qui sont nus”, Laurence Biberfeld “accueille les étrangers”, Denis Flageul “assiste les malades”, Marion Chemin “visite les prisonniers” et Jean-Hugues Oppel “ensevelit les morts”.
Si le thème du recueil provient d’un esprit dérangé, les auteurs ont accompli leur besogne en prenant un malin plaisir à développer des scenarii machiavéliques irracontables ici. Pas que je sois pudique du côté de mon père et merdique du côté de ma mère, mais de la recension au blasphème, y’a pas bézef. Forcément, quand tu mets en scène des tueurs à gages, tu peux t’attendre à ce que ça chasse du train arrière. Les sept tueurs sont sept beaux salopards, sauf un. Tiens, tiens. Tout est parfaitement scénarisé par l’éditeur. Un recueil à lire avant qu’il ne se fasse appréhender par les cognes pour atteinte aux bonnes mœurs. Après sa lecture, une bonne confession, deux aves, trois paters, un bout de sauciflard et un Ricard et tu seras propre comme un euro neuf le jour du jugement dernier. Amen.

Les sept œuvres de miséricorde
Recueil de nouvelles noires
Goater Noir
117 pages, 14,00€
En vente dans toutes les bonnes librairies indépendantes.

Patrick Foulhoux

Ancien directeur artistique de Spliff Records, Pyromane Records, activiste notoire, fauteur de troubles patenté, journaliste rock au sang chaud, spécialisé dans les styles réputés “hors normes” pour de nombreux magazines (Rolling Stone, Punk Rawk, Violence, Dig It, Kérosène, Abus Dangereux, Rock Sound…), Patrick Foulhoux est un drôle de zèbre.

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