Laura Jane Grace & the Devouring Mothers « Bought to Rot »

Il y a quelques semaines, Laura Jane Grace fêtait les dix ans de son premier EP solo, Heart Burns (2008, Sire). Sorti en tant que Tom Gabel, le mini-album laissait craindre à l’époque l’implosion d’Against Me! Désormais plus stable, le groupe s’accorde une pause, laissant sa chanteuse sortir Bough to Rot, premier long format « seule ».

Sur l’énigmatique pochette, seul le nom de Grace laisse penser à un album solo. Il y figure accolé à celui de The Devouring Mothers, backing-band composé du musicien/ingénieur du son Marc Jacob Hudson et du célèbre batteur Atom Willard, également derrière les fûts chez…Against Me!
Beaucoup sont passés par la case de l’album solo, citons par exemple Chuck Ragan d’Hot Water Music ou Brian Fallon des Gaslight Anthem qui, avant Grace, ont suivi le schéma typique du leader de formation Punk prenant ses distances avec son groupe pour composer un album solo de Folk, Country ou Americana (rayer la mention inutile); Mais ici, le principal modèle largement assumé de Grace reste le regretté Tom Petty qui, à l’aube de ses 40 ans, avait fait un break avec ses Heartbreakers pour sortir, seul, Full Moon Fever (
1989, MCA). Laura Jane en rajoute une couche en prenant soin de sortir ce disque chez Bloodshot Records, maison réputée pour abriter de nombreux artistes des genres sus-nommés. Sauf qu’ici, à l’opposé des nombreux clichés, il n’est nulle question de mettre au placard les guitares électriques, bien au contraire. Musicalement, Bought to Rot n’est d’ailleurs pas bien éloigné de la formation de Gainsville (une poignée de titres pourraient figurer dans leur répertoire). La rage et l’urgence répondent plus que jamais à l’appel (Grace n’a pas autant hurlé depuis Searching for a Former Clarity (2005, Fat Wreck Chords)) et les Devouring Mothers font de leur côté pas mal de bruit; la différence majeure étant en fait le rythme des chansons, légèrement ralenti, et un disque dans l’ensemble plus calme, ou un Punk influencé par les Replacements aurait laissé un Rock plus « classique » très Springsteenien (bien qu’un chouïa plus teigneux) prendre le dessus.

Bought to Rot n’a finalement pas grand chose à voir avec un album solo ou un « retour aux sources », il s’agit juste du premier album -plutôt réussi, honnête mais sans grande originalité- d’une nouvelle entité menée par Laura Jane Grace, que l’on espère voir gagner en personnalité à l’avenir.

Laura Jane Grace & The Devouring Mothers Bough to Rot Bloodshot

Side A

China Beach
Born In Black
The Airplane Song
Apocalypse Now (& Later)
Reality Bites
Amsterdam Hotel Room
The Friendship Song
I Hate Chicago

Side B

Screams Dreamy
Manic Depression
The Acid Test Song
The Hotel Song
Valeria Golino
The Apology Song



Album également dispo’ sur Apple Music, Bandcamp & Spotify.




Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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