Mad Max: Fury Road, le Bruit et la Fureur

Mad Max Fury Road
N’ayant jamais vu un seul épisode de la saga originale Mad Max, référence cinématographique post-apocalyptique australienne absolue du début des années 80, c’est en totale béotienne que je suis allée découvrir ce nouvel opus Mad Max – Fury Road, guidée par ma seule obsession cannoise annuelle (car oui, on attend mon verdict dans quelques jours sur la Croisette).

Clouée à mon siège par les premières images criardes et les hurlements des moteurs, j’ai eu peur. S’il semble d’abord difficile de rentrer dans ce délire post­punk aux visages hideux, cette course-poursuite aux voitures grondantes, George Miller nous y tire progressivement, comme les demi-vivants tirant sur les chaînes de Max, et on se laisse finalement happé par cette épopée folle furieuse et sans répit, dont on ne comprend toujours pas comment on a pu en ressortir indemne. La clé est là pour aimer Mad Max : il faut se laisser aller, s’abandonner, et il chamboulera alors nos esprits et nos sens. Il faut accepter ce monde ultra­-nihiliste, dans lequel « l’espoir est une erreur », et qui ne vit plus que pour l’eau et le pétrole. Il faut accepter que des monstres jouent en direct à l’écran la BO métal du film sur des guitares électriques à deux manches, perchés sur le capot des camions lancés à pleine vitesse dans les dunes. Il faut accepter le bruit, la cavalcade et l’absurdité. Et alors, on peut profiter pleinement de cette œuvre fascinante et visionnaire, qui crée et exploite sa propre mythologie, tout en abordant en sous-­texte les enjeux de notre société actuelle (féminisme, machinisme, fanatisme). Et qui, surtout, semble dire un gros « fuck » à tous les autres films d’action passés, présents et futurs, qui ressemblent à de gentils parcs d’attraction à côté de ces tempêtes oniriques et de ce rythme à 10.000 km/heure. Parfois largués 500 m derrière les motards, comme Max, on finit toujours par rattraper ces personnages tous plus ou moins fous, mais qui ne se soucient pas de quoi ils ont l’air.
A ce petit jeu-­là, Charlize Theron (la guerrière en quête de rédemption) et Nicholas Hoult (le demi­-vivant cinglé mais attendrissant) sont absolument parfaits, complètement investis. Enfin, il faut totalement s’abandonner pour jouir du spectacle fourni par Tom Hardy, véritable œuvre d’art britannique, dont chacune des apparitions, chacun des râles derrière son masque de bête (Coucou Bane !), ne semblent avoir été conçus que pour adoucir l’une de nos fins de journée difficile.

Lancé tel le Transperceneige dans un désert sans fin, ce convoi hystérique nous emporte alors là où l’on ne pensait pas aller un jour : une sorte d’état second, où tout ce que l’on voit à l’écran nous paraît non seulement normal, mais carrément sublime. Faire table rase du passé et redécouvrir le monde. Un peu comme si l’on faisait le remake d’un film, finalement…

Mad Max: Fury Road de George Miller
Avec Tom Hardy, Charlize Theron, Nicolas Hoult et Hugh Keays-Byrne
Scénario de George Miller, Brendan McCarthy et Nick Lathouris



Julia Rivière

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